Face à l'avancée de l'État islamique en Irak et au Levant, Bagdad a décidé, lundi, d’apporter son aide aux peshmerga, les combattants kurdes. Une rare coopération, qui témoigne de l'aggravation de la situation dans le nord de l'Irak.
Le gouvernement irakien a décidé, lundi 4 août, d’apporter son aide aux peshmerga, afin de combattre les djihadistes de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL). Une rare coopération entre Bagdad et les forces kurdes, qui prouve l'aggravation de la situation dans le nord de l'Irak, où des milliers de civils ont dû fuir leurs foyers.
Face à l'avancée djihadiste, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a ordonné à l'armée de l'air d'apporter son soutien aux combattants kurdes, a annoncé le porte-parole de l'armée, Qassem Atta. Pourtant, depuis l’offensive de l’EIIL lancée le 9 juin, les relations historiquement difficiles entre le gouvernement central et la région autonome du Kurdistan irakien s’étaient davantage tendues. Notamment lorsque les Kurdes ont profité de la déroute de l'armée irakienne pour s'emparer de territoires disputés de longue date.
Mais face aux avancées de l’EIIL, Bagdad a décidé de joindre ses forces à celles des peshmerga. Aux raids promis par le gouvernement irakien s'ajoute l'aide des combattants du parti kurde syrien de l'Union démocratique (PYD) venus prêter main forte aux peshmerga irakiens.
Les peshmerga à la peine
Une aide précieuse pour les peshmerga, qui ont essuyé plusieurs défaites. En 48 heures, l’EIIL a pris aux Kurdes plusieurs villes à proximité de la frontière syrienne, infligeant un sérieux revers à ceux pourtant réputés pour leur efficacité et leur organisation. Mais les combattants kurdes sont sous pression en raison de difficultés financières et du poids que représente la sécurisation d'un territoire élargi de 40 %.
Signe de leur affaiblissement, ils ont perdu, dimanche 3 août, trois villes, dont Sinjar, à 50 km de la frontière syrienne. La ville, qui compte 310 000 habitants, accueille aussi des dizaines de milliers de réfugiés ayant fui devant l'avancée des insurgés sunnites dans la région.
"Les peshmerga sont bien entraînés, bien équipés et motivés, mais clairement plus efficaces pour défendre leurs positions sur leur propre terrain, que pour combattre dans les plaines arabes de l'Irak", souligne Peter Harling, de l'International Crisis group.
Près de 200 000 réfugiés
Précédés par leur réputation de cruauté forgée à coup de pendaisons et d'exactions à l'encontre de tous ceux qu'ils considèrent comme "infidèles", les djihadistes ont fait fuir les populations en quelques heures à peine.
"Ils n'ont pas beaucoup d'armes, mais leur propagande est très efficace. À Sinjar, ils ont envoyé des messages informant qu'ils allaient prendre la ville dans l'heure, et tout le monde a fui", raconte Abou Assad, un Turcoman chiite de 50 ans parti vers Dohouk, dans la région autonome du Kurdistan irakien, avec son épouse et leurs sept enfants.
Les combats ont chassé de chez eux près de 200 000 personnes, s'est alarmé dimanche l'ONU, évoquant une "tragédie humanitaire". Les djihadistes, eux, sont déterminés à étendre leur emprise sur les territoires tenus par les Kurdes dans le nord de l'Irak.
Avec AFP