logo

En Ukraine, le conflit militaire se double d'une crise politique

Alors que le conflit armé avec les séparatistes pro-russes ne connaît aucun répit, le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a annoncé jeudi sa démission surprise.

L'issue du conflit armé avec les séparatistes pro-russes dans l'est de l' Ukraine semblait déjà lointaine. Les autorités pro-occidentales de Kiev doivent désormais désamorcer leur propre crise politique, après la démission surprise du Premier ministre, Arseni Iatseniouk, jeudi 24 juillet.

Intervenant de surcroit sur fond de crise économique, la démission d'Arseni Iatseniouk - qui doit être encore approuvée par le Parlement pour devenir effective - semble être la conséquence d'une divergence avec le président Petro Porochenko. En cause, la stratégie politique de la majorité gouvernementale. Le chef de l'État s'est montré favorable à la disparition de la coalition actuelle pour aller vers des élections législatives anticipées, alors que son Premier ministre, très apprécié des Occidentaux, trouvait que le moment n'était pas bien choisi, vu la situation en Ukraine.

Petro Porochenko a demandé au Parlement de ne pas approuver la démission d'Arseni Iatseniouk et de son gouvernement et a réclamé un vote de "confiance" vendredi. "La dissolution de la coalition n'est pas une raison pour la démission du gouvernement (...) J'espère que les émotions vont se calmer et que l'esprit froid et le sens de la responsabilité l'emporteront et que tout le gouvernement continuera de travailler", a-t-il déclaré.

Le Parlement a normalement trente jours pour tenter de mettre sur pied une nouvelle coalition, selon la constitution ukrainienne. Si ce n'est pas possible, le président pourra dissoudre l'assemblée et annoncer l'organisation de nouvelles élections.

Sur le terrain, les combats s’intensifient

L a démission du chef du gouvernement ne devrait pas avoir de conséquences négatives sur ce que Kiev appelle son "opération anti-terroriste" visant les rebelles de l'est ukrainien, a par ailleurs déclaré un conseiller du président Petro Porochenko. Le Premier ministre a pourtant démissionné en reprochant notamment au Parlement de n'avoir pu voter une augmentation du budget militaire alors que les combats contre les séparatistes pro-russes font rage dans l'est du pays.

Les combats entre loyalistes et rebelles pro-russes s'intensifient et les accusations d'implication directe des forces russes dans le conflit pleuvent. Sur le terrain, les forces ukrainiennes ont repris Lyssytchansk, une ville de 105 000 habitants. Des combats meurtriers se poursuivent à Donetsk et Lougansk, deux capitales régionales qui sont les bastions des insurgés.

Au cours des 24 dernières heures, quatorze personnes ont été tuées dans les combats à Donetsk, deux personnes ont trouvé la mort à Lougansk, selon les autorités locales. L'armée ukrainienne a annoncé avoir perdu 13 militaires.

Près de 100 000 personnes ont été déplacées en Ukraine, un chiffre qui a doublé en moins d'un mois, et 130 000 autres ont préféré fuir vers la Russie, selon le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés.

Avec AFP et Reuters