Alors que le drapeau ukrainien flotte à nouveau sur la ville de Sloviansk, ancienne place forte pro-russe, Kiev entend poursuivre son offensive sur Donetsk, la grande métropole russophone, toujours aux mains des séparatistes.
Kiev semble désormais privilégier une solution militaire à la crise, au détriment de la voie diplomatique promue par Moscou et soutenue par les Européens. Après la reprise de Sloviansk et de Kramatorsk, deux fiefs des séparatistes pro-russes, samedi 5 juillet, le gouvernement ukrainien, revigoré par ces victoires enregistrées après trois mois de combats, a annoncé dimanche vouloir marcher sur Donetsk, bastion russophone de l'est de l'Ukraine où se sont repliés les rebelles.
Selon Kiev, l’armée ukrainienne avançait dimanche 6 juillet en direction de Donetsk, où les séparatistes ont proclamé une "république populaire" et demandé un rattachement à la Russie. "Mon ordre reste en vigueur : il faut renforcer l'encerclement des terroristes. Poursuivre l'opération pour libérer les régions de Donetsk et Lougansk", a déclaré le président Petro Porochenko dans un message lu à la télévision.
À Donetsk, où des tirs d'artillerie étaient entendus dans la zone de l'aéroport, la tension est vive. "Donetsk prépare sa défense. Toutes nos forces sont concentrées précisément ici. L'attaque des nazis [qualificatif utilisé par les séparatistes à l'égard des autorités de Kiev, NDLR] sera repoussée dans tous les cas. Le Donbass [bassin minier de l’est, NDLR] ne sera pas mis à genoux", a écrit sur son compte Twitter l'un des principaux leaders rebelles, Denis Pouchiline.
"Elles étaient belles les paroles de Poutine»
Plus de 2 000 partisans de la "République populaire de Donetsk" ont manifesté dans l'après-midi pour proclamer leur intention de défendre la ville. La mairie a déclaré qu'un grand nombre d'hommes armés, en tenue de camouflage, circulaient dans la ville. Elle a demandé aux habitants de se tenir à l'écart. "Nous lancerons une guérilla sur tout le territoire de Donetsk", a déclaré l'ex-"gouverneur populaire" autoproclamé Pavlo Goubarev, monté sur une estrade en compagnie de dix hommes armés de kalachnikovs.
La décision du leader rebelle Igor Strelkov et de ses hommes de quitter Sloviansk était "correcte et même géniale". "Maintenant ils (l'armée ukrainienne) vont encercler et attaquer notre Donetsk et son million d'habitants". Strelkov, accusé par Kiev d'être un colonel du renseignement militaire russe, a annoncé dans une interview à une télévision russe vouloir préparer la défense de Donetsk en assurant que la ville était "beaucoup plus facile à défendre que la petite Sloviansk".
Toutefois une pointe d’amertume est décelable chez les séparatistes pro-russes. Denis Pouchiline, l'un de leurs principaux leaders a reproché à la Russie de ne pas avoir soutenu efficacement les insurgés : "Que pouvons-nous dire ? On nous a donné de l'espoir et on nous a abandonnés. Elles étaient belles les paroles de Poutine sur la défense du peuple russe, de la Nouvelle Russie. Mais ce n'étaient que des paroles".
Avec AFP