Dans une interview à France 24, Masrour Barzani, chef des services de renseignement du Kurdistan, attribue la crise qui secoue l'Irak actuellement aux défaillances d'un système politique dont l'EIIL a su tirer parti en ralliant les sunnites.
Dans un entretien accordé à France 24 depuis Erbil, Masrour Barzani, fils du président du gouvernement autonome du Kurdistan irakien et chef des services de renseignement du Kurdistan est revenu sur la situation en Irak où sévit le conflit entre l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) et les peshmerga kurdes.
La situation que vit aujourd’hui l’Irak ne doit rien au hasard, a confié Masrour Barzani au micro des journalistes Roméo Langlois et Estelle Vigoureux. Elle est "le résultat d'une structure politique défaillante en Irak et dans la région.Tous les sunnites qui s'opposent à la politique de Bagdad ne sont pas affiliés à l'EIIL mais ils ont saisi l'occasion de s'exprimer et se sont faits manipuler par l’EIIL qui a pris le contrôle de la situation".
itDes "centaines" voire "des milliers" d'Européens engagés dans l’EIIL
Selon Masrour Barzani, les combattants de l’EIIL sont d'origines multiples. Des fondamentalistes, des sunnites irakiens, des tribus arabes hostiles au gouvernement du Premier ministre Nouri al-Maliki, des anciens membres du parti Baas de Saddam Hussein grossissent chaque jour les rangs de l’armée djihadiste.
Masrour Barzani fait également état de la présence d’Occidentaux au sein de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL). "Nos informations indiquent que de nombreux Européens, ou des personnes ayant la double nationalité, ont rejoint les rangs de l'EIIL, a-t-il assuré. Ils sont d'abord arrivés en Syrie pour se battre contre le régime de Bachar al-Assad. Certains d'entre eux sont ensuite venus en Irak pour prendre part aux combats. Il y a des personnes issues de la plupart des pays européens, dont la France". Le responsable de la sécurité du Kurdistan a, par ailleurs, précisé que ces combattants européens pourraient être des "centaines, peut-être même des milliers".
Appel à la communauté internationale
Évoquant les combats, Masrour Barzani reconnaît que les forces kurdes avaient subi de lourdes pertes, sans toutefois en préciser le nombre. Il confirme également que les djihadistes ont saisi de nombreuses armes lourdes et légères à Mossoul, et même des missiles sol-air.
Conscient que le terrorisme est un problème qui dépasse le Kurdistan, il souligne que les organes de sécurité qu'il commande sont tout a fait prêts à collaborer avec les pays étrangers contre les djihadistes, en matière d'échange d'informations notamment.
Interrogé sur le statut du Kurdistan, Masrour Barzani ne cache pas sa volonté d'avancer vers une indépendance accrue. Selon lui, la débâcle de l'armée irakienne fait de facto du Kurdistan un État indépendant, même s'il n'est pas encore un État souverain. Il appelle d'ailleurs de ses vœux la réalisation d'un référendum pour trancher cette question.
Le responsable kurde adresse enfin un message à la communauté internationale : les Kurdes ne souhaitent pas vivre dans un État où règnent des milices armées. Il est temps que la communauté internationale prenne ses responsabilités et reconnaissent les "justes droits" du peuple kurde.
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