
La Cour de justice de la République va enquêter sur le rôle joué dans l'affaire Karachi par l'ancien chef du gouvernement Édouard Balladur et son ex-ministre de la Défense François Léotard.
Citant des sources judiciaires, l'Agence France Presse a révélé, lundi 23 juin, que la Cour de justice de la République (CJR), seul organe habilité à enquêter sur des ministres pour les faits commis dans l'exercice de leurs fonctions, a décidé d'enquêter sur le rôle joué par Édouard Balladur et François Léotard dans l'affaire Karachi.
Concernant le cas de l'ancien chef de gouvernement Édouard Balladur, la commission d'instruction de la Cour de justice de la République va se pencher sur les rétrocommissions sur des contrats d'armement susceptibles d'avoir financé sa campagne présidentielle en 1995, mais aussi sur de possibles détournements indus des fonds secrets de Matignon. L'ex-ministre d'Édouard Balladur, François Léotard, ne serait concerné que par le premier volet.
L'affaire Karachi, dont l'enquête sur le financement de la campagne de Balladur est le volet financier, doit son nom à un attentat qui avait fait 15 morts, parmi lesquels 11 Français, au Pakistan en 2002. Une enquête antiterroriste est toujours en cours pour en déterminer les responsabilités.
La thèse d'un attentat islamiste avait longtemps été privilégiée, avant que le magistrat instructeur ne réoriente l'enquête en 2009 vers l'hypothèse de représailles dues à l'arrêt du versement de commissions liées à des contrats d’armement avec le Pakistan.
La décision d'enquêter sur l'ex-Premier ministre "démontre à l'évidence que nous sommes bien en présence d'une affaire d'État considérable, l'une des plus graves depuis le début de la Ve République, visant notamment l'ancien Premier ministre Édouard Balladur pour détournement de fonds publics", a déclaré Me Olivier Morice, l'avocat de proches de victimes.
Nécessaire audition de Sarkozy
Les juges parisiens estiment que les éléments de l'enquête rendent par ailleurs nécessaire l'audition par cette Cour de Nicolas Sarkozy, alors ministre du Budget, comme témoin assisté.
Ils semblent convaincus qu'une partie des commissions perçues par l'intermédiaire en armement Ziad Takieddine, à la faveur de contrats signés avec l'Arabie saoudite et le Pakistan, ont servi à financer la campagne d'Édouard Balladur par le biais d'un système de rétrocommissions.
Lors de leurs investigations, les enquêteurs ont découvert que 20 millions de francs (3 millions d'euros) avaient été transférés sur le compte de campagne d'Édouard Balladur, dont 10 millions au lendemain du premier tour de 1995.
Avec AFP