Le Conseil de sécurité de l’ONU a placé jeudi Boko Haram sur sa liste noire des organisations terroristes. Une mesure à portée principalement politique mais qui devrait permettre de restreindre l'approvisionnement du groupe, notamment en armes.
La communauté internationale accentue la pression sur Boko Haram. Jeudi 22 mai, le Conseil de sécurité des Nations unies a placé le groupe islamiste sur la liste noire des organisations terroristes soumises à des sanctions en raison de leurs liens avec Al-Qaïda. Cette mesure avait été réclamée par le Nigeria et figurait dans les recommandations du sommet de Paris pour la sécurité au Nigeria, samedi 17 mai.
Ces sanctions sont principalement à portée politique. Elles consistent en des gels d'avoirs, un embargo sur les armes et des interdictions de voyager. Cela "montre que Boko Haram n'a aucun soutien dans la communauté internationale", a estimé un diplomate. Concrètement les sanctions permettront de restreindre l'approvisionnement – en armes notamment – du groupe, créé il y a dix ans, a-t-il expliqué. Mais les mesures ciblées sur les individus devraient avoir un effet limité, dans la mesure où les membres de Boko Haram, basés dans le nord-est du Nigeria, voyagent peu.
L'ambassadrice américaine à l'ONU Samantha Power s'est immédiatement félicitée d'une "mesure importante" qui va, selon elle, "aider à fermer à Boko Haram des sources importantes de financement et d'armement ainsi que des possibilités de déplacement, et montrer l'unité de la communauté internationale" dans la lutte contre ce groupe. L'ambassadrice du Nigeria à l'ONU, Joy Ogwu, a également salué "une mesure importante" : "Il s'agit d'un crime transnational qu'il faut traiter de manière transationale [...] L'essentiel est de s'attaquer au problème, c'est-à-dire au terrorisme."
Manifestations au Nigeria
Environ 200 militants du mouvement "#BringBackOurGirls" ("Rendez-nous nos filles") ont manifesté jeudi à proximité de la villa du président nigérian Goodluck Jonathan à Abuja, la capitale fédérale, pour maintenir la pression sur le chef de l'État et réclamer "une action résolue". Des manifestants ont été reçus par des représentants du gouvernement. Parallèlement, le syndicat national des professeurs a appelé les écoles de tout le pays à fermer pour une "journée de protestation" contre le rapt des 223 lycéennes le 14 avril, dont les familles sont toujours sans nouvelles.
Le président, largement critiqué ces dernières semaines, tant au Nigeria qu'à l'étranger, pour son manque de réactivité dans cette crise, a déclaré dans un communiqué que ces manifestations devaient être dirigées contre "les terroristes qui ont enlevé nos filles innocentes".
Avec AFP