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L'UMP parvient à faire reporter sine die l'adoption de la loi famille

À force d'amendements, les députés UMP ont contraint le gouvernement à reporter sine die la fin des débats, commencés lundi, sur la proposition de loi sur la famille. Le gouvernement affirme qu'il ne "laissera pas tomber le texte aux oubliettes".

C'est une victoire pour l'UMP. À force d'amendements, les députés du parti de droite sont parvenus à faire reporter sine die la fin des débats sur la proposition de loi sur la famille.

Le débat, commencé lundi 19 mai, a été suspendu jeudi à 1h30 alors qu'il restait encore à examiner 361 des 700 amendements déposés, chaque article ayant été âprement discuté par l'UMP, aux prises "aux mêmes obsessions depuis un an", selon la secrétaire d'État à la famille Laurence Rossignol.

"Texte sur la famille reporté sine die ! Victoire ! Nous avons mis en échec le gouvernement", s'est réjoui sur twitter l'UMP Daniel Fasquelle. L'UMP, qui accuse la gauche de vouloir "casser les repères" de l'enfant, a occupé le terrain pendant trois jours via sa frange la plus conservatrice.

Les membres de l'Entente parlementaire pour la Famille, déjà en pointe en 2013 contre le mariage homosexuel, ont défendu sans relâche des rafales d'amendements de suppression de dispositions au nom de "l'intérêt supérieur de l'enfant" même si ce texte n'était qu'une version a minima du projet de grande loi sur la famille, abandonné en février après des rassemblements de La Manif pour tous.

Les députés ne peuvent poursuivre l'examen du texte jeudi 22 mai, réservé à l'étude de propositions de loi du Front de gauche. Et l'Assemblée ne siégera pas vendredi à 48 heures des élections européennes. Il n'y aura donc pas de vote solennel comme prévu le 28 mai de ce texte socialiste et écologiste, centré sur les conséquences des séparations de couples pour les enfants. Il reviendra donc à la conférence des présidents de l'Assemblée de proposer une nouvelle date alors que le calendrier parlementaire des prochaines semaines est déjà très chargé avec notamment au menu la réforme pénale et le collectif budgétaire.

Pour autant, le gouvernement et la majorité socialiste ne renoncent pas. "Le gouvernement ne laissera pas tomber ce texte dans les oubliettes de l'obstruction parlementaire. Je vous donne rendez-vous pour continuer l'examen de ce texte", a cependant assuré aux députés Laurence Rossignol.

"L'adoption de cette proposition de loi pourra être ralentie par les arguments et les comportements les plus réactionnaires mais elle ne pourra être entravée. Ceux qui au sein de l'UMP s'attribuent la mission de gardien de la famille se révèlent en être finalement les geôliers", ont dénoncé pour leur part dans un communiqué la rapporteure du texte Marie-Anne Chapdelaine (PS) et le chef de file des députés PS sur ce texte Erwann Binet.

La revanche des anti-mariage pour tous

Le chef de file des députés UMP sur ce texte, Philippe Gosselin, avait récusé toute "intention de jouer le match retour" de la loi sur le mariage pour tous, mais certains amendements avaient une impression de déjà-vu. Les députés ont ainsi rejeté des amendements de l'UMP voulant donner la priorité aux couples hétérosexuels pour l'adoption.

Les débats ont été interrompus au milieu de l'examen de l'article 10 du texte, celui sur la reconnaissance du role des beaux-parents, une mesure contestée par l'UMP opposée à ce que l'autorité parentale puisse être déléguée.

Dans l'après-midi, les députés avaient cependant approuvé la double domiciliation de l'enfant d'un couple séparé, l'une des dispositions les plus controversées du texte et qui a donné lieu à plusieurs passes d'armes entre l'UMP et la majorité.

Cette disposition, contestée dans une pétition par quelque 5 500 psychiatres, psychologues ou professionnels de l'enfance, pose le principe d'une résidence de l'enfant au domicile de chacun des parents après une séparation et dans le cas d'un exercice conjoint de l'autorité parentale, sans préjuger du temps passé chez l'un et l'autre (50/50 ou 70/30 etc.). Les modalités de fréquence et de durée seraient déterminées d'un commun accord entre les parents ou, à défaut, par le juge.

L'UMP y a vu l'instauration du principe de la "résidence alternée" au détriment des enfants en dépit des dénégations Laurence Rossignol qui a dénoncé "mauvaise foi et manipulation".

Avec AFP