Les Ukrainiens de l’est du pays seront appelés dimanche à se prononcer, par référendum, sur l’indépendance de leur région. Ce scrutin, organisé par les séparatistes pro-russes, est considéré comme illégal par Kiev et les Occidentaux.
Les séparatistes pro-russes d'Ukraine s'apprêtent à organiser, dimanche 11 mai, un référendum sur l'indépendance des "républiques populaires" autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, frontalières de la Russie. Ce scrutin pourrait ouvrir la voie à un éventuel rattachement à Moscou du bassin minier du Donbass.
Les régions concernées, fortes de 7,3 millions d'habitants sur les 45,5 millions que compte l'Ukraine, représentent 16 % du PIB ukrainien.
"Si la population le veut, on rejoindra la Russie"
À la veille du référendum, les rebelles des régions de l'Est se montraient confiants, annonçant attendre des "millions de votants" et affirmant que tout serait prêt à temps. D’après eux, la population approuvera leur projet, en dépit de sondages suggérant au contraire qu'une grande partie des habitants de l'est du pays sont favorables à l'unité de l'Ukraine.
À Sloviansk, bastion des insurgés, le maire autoproclamé Viatcheslav Ponomarev a même déclaré s'attendre à une "participation de 100 %". "Il peut y avoir des voix contre", celles des "bourgeois", a-t-il admis, ajoutant cependant que "sitôt après le référendum, la "République populaire de Donetsk" commencera à fonctionner […] Si la population le veut, on rejoindra la Russie".
itRattachement à la Russie, autonomie accrue au sein de l'Ukraine ou simple renforcement du pouvoir au niveau local, le but du référendum restait flou samedi. À l’approche du vote, l'authenticité des listes électorales et des bulletins de vote n'avait par ailleurs pas été véritablement contrôlée.
"Un pas vers l’abîme pour ces régions"
De leur côté, Kiev et les Occidentaux ont affiché leur inquiétude face à un scrutin qu’ils jugent illégal. Le président ukrainien par intérim, Oleksander Tourtchinov, a ainsi exhorté samedi les électeurs à ne pas voter "oui", au risque de déclencher un chaos économique et social. Il a plutôt appelé les populations concernées à participer à des "tables rondes" pour envisager une autonomie accrue.
Une sécession "serait un pas vers l'abîme pour ces régions", a déclaré Oleksander Tourtchinov sur son site internet, en évoquant "une terreur épouvantable" ayant le soutien "d'une grande partie de la population locale". "Ceux qui sont pour l'autodétermination ne comprennent pas que cela équivaudra à une destruction totale de l'économie, des programmes sociaux et de la vie en général pour la majorité de la population de ces régions".
"Conséquences" pour la Russie
La chancelière allemande Angela Merkel et le président François Hollande ont à leur tour estimé que "les référendums planifiés dans plusieurs villes dans l'est de l'Ukraine [étaient] illégaux". Les deux responsables européens ont par ailleurs menacé la Russie de "conséquences" au cas où l'élection présidentielle prévue en Ukraine le 25 mai n'aurait pas lieu, et ont appelé à cesser les manœuvres militaires à la frontière ukrainienne.
Les autorités ukrainiennes restent déterminées à mener à bien le scrutin présidentiel anticipé, en dépit des violences qui secouent le pays. Une éventuelle sécession de Donetsk et Lougansk porterait cependant un nouveau coup à Kiev, après l'annexion de la Crimée en mars par la Russie.
Avec AFP et Reuters