Donald Trump a amnistié l'ancien patron de la plateforme d'échange de cryptomonnaies Binance, Changpeng Zhao, condamné en avril 2024 pour violation de la législation antiblanchiment, a indiqué jeudi 23 octobre à l'AFP la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt.

Cette dernière a justifié cette décision par l'acharnement supposé du gouvernement de l'ancien président américain Joe Biden contre l'entrepreneur, qui avait déjà plaidé coupable et purgé sa peine de quatre mois de prison avant d'être remis en liberté en septembre 2024.

"Mû par son désir de punir l'industrie des cryptomonnaies, le gouvernement Biden a lancé des poursuites contre M. Zhao sans qu'il ne soit accusé de fraude ou que des victimes aient été identifiées", a indiqué Karoline Leavitt.

Binance était accusé de violation de la législation américaine sur le blanchiment, permettant à des organisations criminelles de faire transiter des fonds par sa plateforme.

En novembre 2023, le groupe a passé, pour éviter un procès, un accord avec le gouvernement américain, qui prévoyait la démission de Changpeng Zhao de ses fonctions de directeur général, ainsi que le versement de quelque 4,3 milliards de dollars d'amendes à deux agences du Trésor américain. Écarté de toute fonction opérationnelle, Changpeng Zhao reste actionnaire majoritaire de Binance.

"À la demande de beaucoup de gens bien"

Pour Karoline Leavitt, les poursuites menées par le prédécesseur de Donald Trump "ont gravement terni la réputation des États-Unis comme leader en matière de technologie et d'innovation. La guerre du gouvernement Biden contre les cryptos est finie."

Interrogé lors d'un point de presse, Donald Trump a expliqué que "beaucoup de gens (...) (disaient) qu'il n'était coupable de rien". "Ils estiment que ce qu'il a fait n'est même pas un délit. (...) Donc je l'ai amnistié à la demande de beaucoup de gens bien."

Depuis sa campagne présidentielle, Donald Trump s'est mué en défenseur et promoteur du secteur des cryptomonnaies, après l'avoir critiqué durant des années. Une fois investi, il a allégé le cadre réglementaire imposé à l'industrie des cryptomonnaies, qui avait contribué au financement de sa campagne pour plus de 100 millions de dollars.

Plusieurs de ses proches ont, par ailleurs, pris diverses participations dans des projets liés aux cryptomonnaies, qui ont rapporté à la famille plus d'un milliard de dollars durant les douze derniers mois, selon une récente estimation du Financial Times.

En mai, pour prendre une participation de 2 milliards au capital de Binance, le fonds émirati MGX a utilisé la devise numérique USD1, émise par la société World Liberty Financial, soutenue par la famille Trump qui en tire des revenus.

Accusations de conflits d'intérêts

Ces opérations ont valu à Donald Trump de nombreuses accusations de conflits d'intérêt. Changpeng Zhao a "contribué à une des entreprises de Donald Trump dans les cryptos et a plaidé pour une amnistie", a réagi jeudi la sénatrice démocrate Elizabeth Warren. "Aujourd'hui, Donald Trump fait sa part et l'amnistie." "Si le Congrès n'empêche pas ce genre de corruption en légiférant, il sera responsable de cet État de non-droit", a-t-elle ajouté.

L'ancien patron de Binance, première plateforme mondiale de cryptomonnaies, s'est dit "profondément reconnaissant" envers le président américain et pour son engagement "envers l'équité, l'innovation et la justice", dans un message publié sur le réseau social X. L'entrepreneur d'origine chinoise a promis de "tout" faire pour "aider les États-Unis à devenir la capitale des cryptos".

L'amnistie de Changpeng Zhao fait suite à une série de grâces et commutations accordées par le président américain, des émeutiers du 6 janvier 2021 au Capitole à l'ancien élu républicain à la Chambre des représentants George Santos, condamné à sept ans de prison pour fraude.

Avec AFP