
Décédé le 6 mai, Cornelius Gurlitt, le propriétaire allemand de 1 400 œuvres d'art dont plusieurs centaines avaient été volées à des juifs sous le IIIe Reich, a légué l'ensemble de son patrimoine au musée des Beaux-Arts de Berne, en Suisse.
Cornelius Gurlitt avait pensé à tout en ce qui concerne son "trésor". L’octogénaire, décédé le 6 mai dans son appartement munichois, avait décidé de léguer ses 1400 œuvres d’art, dont certaines volées à des juifs sous le nazisme, au musée des Beaux-Arts de Berne, en Suisse, désigné légataire universel.
Le Kunstmuseum de Berne, qui se dit "surpris et ravi", a indiqué avoir été "informé par un message téléphonique et écrit de Me Christophe Edel, l'avocat de M. Cornelius Gurlitt, indiquant que ce dernier a "institué pour légataire universel, la fondation de droit privé du musée des Beaux-Arts de Berne". "En même temps, nous ne voulons pas effacé le fait que ce legs magnifique vient avec son lot de responsabilités et de questions des plus sensibles, notamment d’ordre légale et éthique", ajoute le communiqué.
Le porte-parole de Gurlitt, Stephan Holzinger, a indiqué que son client avait eu recours à un notaire en début d’année, avant d’être opéré du cœur. Mais c’est désormais à la cour de justice de Munich de déterminer la validité de son don.
Il voulait "vivre en paix avec ses tableaux"
La police allemande avait découvert en 2012 à son domicile plus de 1 400 tableaux dessins et sculptures, notamment des œuvres de Canaletto, Courbet, Picasso, Matisse et Toulouse-Lautrec, pour un montant total évalué à un milliard d'euros.
Le vieillard isolé vivait au milieu de toiles de maîtres, dans son appartement munichois.
Il rêvait de "simplement vivre avec [ses] tableaux, en paix et dans la tranquillité", comme il l’avait écrit. Mais en novembre dernier, il a été sorti de force de son huis clos et la révélation par la presse de la découverte de son trésor l’avait projeté sous les projecteurs.
Début avril, Cornelius Gurlitt avait conclu un accord avec l'État allemand pour restituer à leurs ayants droit les peintures qui ont fait l'objet de spoliations par les nazis. Elles devaient cependant être identifiées dans un délai d'un an.
Il y a presque deux ans, ce fils d'un marchand d'art au passé trouble sous le IIIe Reich s'était déjà vu confisquer par la justice allemande des tableaux ayant appartenu à son père, dans le cadre d'une enquête pour fraude fiscale. Dépassé par les événements, le vieil homme n'avait pas réagi.
Avec AFP et AP