Alors que le débat pour encadrer l’utilisation des drones fait rage aux États-Unis, l’historique parc de Yosemite en Californie vient de proscrire ces engins volants télécommandés dont les Américains raffolent.
La drone mania agace les amoureux de la nature outre-Atlantique. Dans un communiqué publié le 2 mai, les autorités du parc national de Yosemite, en Californie, ont décidé d’interdire l’utilisation de ces aéronefs télécommandés dont la surexploitation, notamment dans l’armée, fait débat depuis quelques années.
“Les drones peuvent être extrêmement bruyants et créer une véritable pollution sonore. Ils peuvent ainsi avoir un impact sur les visiteurs dont l’environnement perd de côté son sauvage”, écrivent les responsables de ce parc niché au coeur des montagnes du Sierra Nevada et qui s’étend sur plus de 3 000 kilomètres carrés de forêts denses, de chutes d’eau spectaculaires et de reliefs granitiques sensationnels.
Impact sur la sécurité et l’environnement
Les autorités estiment également que l’utilisation de drone “interfère avec les services d’urgences lorsqu’ils sont en intervention, créant de la confusion et de la distraction pour les secouristes.” Des secouristes qui ont fort à faire car dès que la saison estivale se profile, les aventuriers du dimanche affluent et une blessure est vite arrivée. Avec le Grand Canyon du Colorado et les Great Smoky Mountains, Yosemite - qui accueille plus de 3,5 millions de touristes chaque année - est le site naturel le plus fréquenté des États-Unis.
En outre, toujours selon le communiqué du parc, les drones ont un impact négatif sur la vie sauvage de la région, et particulièrement sur les faucons pèlerins qui établissent leurs nids sur des falaises abruptes. Grâce à sa biodiversité et ses paysages, le site a été reconnu patrimoine de l’humanité par l’Unesco en 1984.
Autant de désagréments qui ont donc poussé les responsables du site à interdire purement et simplement les drones de plus en plus utilisés pour survoler et filmer les paysages à couper le souffle du parc. Pour justifier leur décision, ils s’appuient sur la clause “Thirty Six CFR 2.17(a)(3)”, un texte assez vague issu d’une régulation fédérale qui proscrit “la livraison ou le dépôt d’une personne ou d’un objet par parachute, hélicoptère ou tout autre véhicule volant, sauf en cas d’urgence impliquant la sécurité d’autrui ou une perte matérielle conséquente.” Les services n’ont pas indiqué comment ils comptaient appliquer cette nouvelle règle, ni comment les potentielles infractions seraient punies.
Vidéo : exemple d'un clip YouTube filmant Yosemite depuis un drone
Une loi prévue pour septembre 2015
Dans tous les cas, la Federal Aviation Administration (FAA), équivalent américain de la Direction de l’aviation civile, doit publier un texte de régulation sur les drones en septembre 2015. Pour l’heure, un vide juridique demeure autour de l'utilisation de ces machines. À plusieurs reprises, le gouvernement américain a tenté d’imposer des sanctions financières à certains utilisateurs de drones mais la justice a, à chaque fois, conclu à un non-lieu. C’est le cas de Raphael Pirker, un expatrié suisse, qui a été attaqué en justice pour avoir monétisé une vidéo du campus de l’université de Virginie filmée par son drone en 2011. Plus récemment, en 2013, c’est le New Yorkais David Zablidowsky qui a eu affaire à la justice après avoir écrasé son engin contre une tour de Manhattan.
En France, les pilotes de drones ne sont pas en reste. Pour la première fois en février dernier, un jeune homme de 18 ans, qui avait filmé Nancy afin de réaliser un clip diffusé sur les réseaux sociaux, a fait l'objet de poursuites pour "mise en danger de la vie d'autrui".