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Succès pour le retour de la Grèce sur les marchés financiers

Athènes a réussi à lever trois milliards d'euros grâce à sa première émission de dette sur les marchés financiers depuis 2010. Un succès incontestable qui ne doit pas masquer les problèmes économiques persistants du pays.

Retour gagnant. La Grèce n'a eu aucun mal à trouver, jeudi 10 avril, des investisseurs privés prêts à souscrire à son émission de dette. Athènes a ainsi pu lever trois milliards d'euros à l'occasion du lancement de son premier emprunt obligataire à cinq ans depuis le début de la crise grecque en 2010. Ce succès, salué par tous, a cependant été terni par l'explosion, dans la matinée, d'une bombe dans les rues de la capitale.

L'incident n'a, toutefois, pas empêché le Premier ministre grec, Antonis Samaras, de saluer la "confiance incontestable" retrouvée de son pays auprès des marchés financiers. Pour le chef du gouvernement, ce test hautement symbolique a été passé avec d'autant plus de brio que le taux d'intérêt imposé par les investisseurs ne s'élève qu'à 4,5 %. Une bagatelle comparée au taux de plus de 10 % qui étaient infligés à la Grèce peu avant qu'elle ne soit obligée de demander, à l'été 2010, une première aide internationale pour éviter la faillite.

Le retour sur les marchés est "le résultat des sacrifices du peuple grec", a poursuivi Antonis Samaras. C'est la démonstration de "la capacité du pays à sortir de la crise plus vite que prévu", a-t-il conclu alors que la Grèce vient de connaître six ans de récession sans interruption.

Il reste "beaucoup à faire"

Christine Lagarde, la directrice du Fonds monétaire international (FMI), s'est jointe aux concerts d'applaudissements. La levée de fonds sur les marchés financiers prouve que "la Grèce va dans la bonne direction", a-t-elle affirmé. La patronne de l'un des trois principaux bailleurs de fonds d'Athènes (avec la Banque centrale européenne et l'Union européenne) a, cependant, voulu calmer un peu les ardeurs triomphalistes. Il reste, d'après Christine Lagarde, "beaucoup à faire" pour remettre le pays sur pied.

Des trois États de la zone euro emportés par la crise des dettes souveraines, la Grèce est encore le plus mal en point. L'Irlande et le Portugal, qui ont tous les deux déjà retrouvé le chemin des marchés financiers, n'ont certes pas encore des taux de croissance flamboyants mais peuvent espérer, en 2014, une hausse d'au moins de 1% de leur PIB. Athènes en est encore loin. "Les prévisions les plus optimistes tablent sur 0,4 % de croissance en 2014", indique Céline Antonin, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) et spécialiste de la Grèce.

Surtout, la Grèce affiche une dette publique équivalente à 170 % de son PIB en 2013. Le retour sur les marchés financiers va entraîner une augmentation de cet endettement car "la faible croissance ne permet pas de la réduire", précise Céline Antonin. Pour la faire baisser, Athènes n'a que deux solutions : soit continuer à couper dans les dépenses publiques, c'est-à-dire infliger de nouvelles cures d'austérité aux Grecs, soit faire défaut sur une partie de sa dette. Deux perspectives qui n'ont rien de réjouissant.