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Anne Hidalgo : une femme de l’ombre aux commandes de la Ville Lumière

À 54 ans, Anne Hidalgo, que beaucoup considéraient comme une femme discrète, voire effacée, a réussi son pari en s’imposant à la tête de la plus belle ville du monde, dans un contexte pourtant peu favorable à la gauche. Portrait.

La première femme à diriger Paris ne peut pas se targuer d'avoir du panache. Considérée comme une femme discrète, trop sérieuse - effacée même selon la droite - la nouvelle maire de Paris, consciente de sa faible notoriété, a pourtant réussi le pari de s'affranchir de son image de première de la classe.

Pour décrocher les clés de la capitale, Anne Hidalgo a dû un peu bousculer les idées reçues. Quand l’UMP voit en elle une "apparatchik" au caractère "sectaire", Bertrand Delanoë, son mentor et maire parisien sortant, décrit une femme "douce, chaleureuse, séduisante et en même temps tenace et déterminée". "C’est une femme drôle avec qui on ne s’ennuie jamais", indique également, Jean-Luc Romero, son ami, ex-UMP qui a rejoint les rangs du PS en 2009.

Née en 1959 à San Fernando, dans le sud de l’Espagne, l’Andalouse avait déjà le parfait CV d’une personnalité de gauche : fille d’immigrés espagnols ayant fui le franquisme et la misère, elle a grandi dans la cité lyonnaise de La Duchère, réputée pour être l’un des quartiers les plus sensibles de la troisième ville de France.

La longue conquête de Paris

Naturalisée française à l'âge de 14 ans, Ana devient "Anne" et part à la conquête de Paris, sa ville fantasmée. Nommée inspectrice du travail en 1982, elle s’encarte au Parti socialiste en 1994 et entre au cabinet de la ministre de l'Emploi Martine Aubry en 1997. Elle y rencontre son second mari Jean-Marc Germain, bras droit de la maire de Lille et député PS depuis 2012.

Elle gravit les échelons lentement mais sûrement avec toujours un seul objectif : Paris. Elle se paie d’ailleurs le luxe de refuser un ministère en mai 2012 après l’élection de François Hollande.

C’est grâce à Bertrand Delanoë qu’elle sort de l’anonymat. L’ancien édile fait de cette quasi inconnue sa numéro deux. Il lui confie en 2008 une délégation de premier plan, celle de l'urbanisme. À ce poste, elle supervise la mise en chantier de 10 % du territoire de la capitale, des Batignolles à Bercy-Charenton en passant par l'emblématique chantier des Halles.

Après plus de dix ans de patience, elle atteint enfin le graal. Les Conseillers de Paris l'ont élue, samedi 5 avril, maire de Paris. 

Plus autoritaire qu’on ne le pense, elle a fait de la parité des têtes de liste et du non-cumul des mandats dès 2014 des points non négociables. Une décision qui a fait déjà grincer des dents plus d’un maire d’arrondissement… Qu’importe, Anne Hidalgo sort de l’ombre et veut imprimer sa marque. "La douce Anne est passée en mode autoritaire, écrit à son propos "Le Monde", un registre courant chez ces coureurs de fond qui avancent sans faire de bruit."

Avec AFP