À la suite d'une nouvelle offre de Bouygues, Vivendi a décidé de prendre le temps de la réflexion durant le week-end, concernant la vente de sa filiale SFR. Deux candidats sont en lice : Bouygues et Numericable.
Vivendi prend le temps de la réflexion et fait durer le suspense. La maison mère de SFR a annoncé, vendredi 4 avril au soir, qu'elle poursuivrait durant le week-end l'examen des offres de reprise présentées par Numericable et son rival Bouygues.
Les treize membres votants du conseil de surveillance de Vivendi ont commencé à se réunir, vendredi en milieu d'après-midi. Ils doivent décider si le groupe scelle un accord définitif avec le câblo-opérateur Numericable dans le cadre d'une transaction de quelque 15 milliards d'euros.
Bouygues, qui a surenchéri à deux reprises depuis l'entrée de Numericable en négociations exclusives le 14 mars avec son rival, avait dégainé vendredi matin une nouvelle offre, dans l'espoir de revenir dans le jeu. Avant ce rebondissement, Numericable tenait la corde pour remporter la bataille, selon deux sources proches du dossier.
Pour Claudio Aspesi, analyste à Bernstein Research, les deux offres en lice restent au final peu éloignées en termes de valorisation totale. "Aucun des candidats n'est arrivé avec quelque chose qui a tué le match", a-t-il expliqué. "Les investisseurs s'attendaient à ce que cette bataille des offres conduise à une réévaluation des valorisations. Au lieu de cela, il y a juste eu des changements de la répartition du cash et de la participation".
Dernière ligne droite
Bouygues, qui a bataillé pour rester dans la course, a tenté le tout pour le tout vendredi en ajoutant 1,85 milliard d'euros pour porter à 15 milliards d'euros le volet en numéraire de son offre, grâce au soutien de nouveaux partenaires.
Le groupe, qui avait déjà enrôlé la Caisse des dépôts ou encore la famille Pinault, a également obtenu l'implication entre autres de l'assureur Axa, de la famille Dassault et du fonds souverain de Singapour.
La nouvelle offre valorise SFR à 16 milliards d'euros avant synergies et en excluant un éventuel complément de prix d'un demi-million d'euros que Bouygues se dit prêt à verser.
La dernière proposition connue de Numericable - 11,75 milliards d'euros en cash et une participation de 32 % pour Vivendi - valorise, elle, l'opérateur à 15,3 milliards d'euros, selon deux sources au fait du dossier. En Bourse, Bouygues a clôturé sur un gain de 0,64 %. Numericable a cédé 5,25 %.
Le paysage du marché français des télécoms modifié
Vivendi est depuis le début préoccupé par les risques d'obstacles réglementaires et les risques d'exécution que comporte l'offre de Bouygues, qui conduirait le marché français de la téléphonie mobile à revenir à trois acteurs contre quatre actuellement, expliquent des sources proches des discussions.
Vivendi, qui veut recentrer ses activités sur les médias, est aussi plus enclin à signer un accord avec Numericable dont l'offre apporte au conglomérat une sortie plus rapide des télécoms, soulignent encore ces sources.
La vente de SFR modifiera le paysage du marché français des télécoms fragilisé par deux années de guerre des prix dans la foulée de l'irruption de Free dans la téléphonie mobile.
Avec Reuters