Transféré à La Haye ce week-end, l’Ivoirien Charles Blé Goudé a comparu pour la première fois devant la CPI, jeudi. L’ex-chef des Jeunes patriotes est accusé de crimes contre l’humanité durant les violences post-électorales de 2010-2011.
Proche de l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé, 42 ans, a clamé son innocence devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, où il comparaissait pour la première fois, jeudi 27 mars. "Si je suis jugé pour ce que j'ai fait et non pour ce que je suis, que je sois déclaré innocent !", a-t-il lancé lors de cette audience préliminaire qui s’est tenue en public. Je sais que je repartirai chez moi."
L'ex-chef de file des Jeunes patriotes, mouvement pro-Gbagbo considéré comme violent, est perçu par ses détracteurs et par les ONG internationales comme l'un des principaux responsables des violences post-électorales qui ont fait plus de 3 000 morts entre décembre 2010 et avril 2011 en Côte d’Ivoire. La CPI l’accuse de crimes contre l'humanité (meurtre, viol, persécution, etc.) commis durant cette période.
Arrivé au centre de détention de la CPI dans la nuit de samedi à dimanche, celui que ses compatriotes surnommaient le "général de la rue" pour sa capacité de mobilisation auprès de la jeunesse ivoirienne, est apparu devant la cour un large sourire aux lèvres. Le crâne rasé, portant un costume anthracite, une chemise blanche et une cravate bleu clair, Charles Blé Goudé a longuement salué ses partisans assis dans le public, séparé de la salle d'audience par une vitre insonorisante, et a brandi un poing serré en leur direction.
"C'est avec Gbagbo que j'ai appris la réconciliation"
"Contrairement à une certaine opinion qui pense qu'un voyage à la CPI est un voyage sans retour, je pense qu'un citoyen peut faire l'objet d'un procès et rentrer chez lui", a soutenu le fidèle de Laurent Gbagbo, qui assure vouloir que la lumière soit faite sur le conflit qui a déchiré la Côte d'Ivoire.
"C'est avec Gbagbo que j'ai appris la réconciliation, a-t-il ajouté. Je suis pro-Gbagbo et fier de l'être". Ancien fer de lance de violentes manifestations antifrançaises en 2003 et 2004, Charles Blé Goudé retrouve ainsi à La Haye son mentor, écroué depuis fin 2011 à la CPI pour crimes contre l'humanité.
La CPI a fixé au 18 août l'audience de confirmation des charges, étape préalable à l'ouverture d'un éventuel procès.
"Justice des vainqueurs"
Le transfert de Charles Blé Goudé à La Haye, approuvé la semaine dernière par le Conseil des ministres ivoirien, divise le pays. L'opposition proche de Laurent Gbagbo y voit une volonté de l'exécutif de ne pas engager le pays sur la voie de la réconciliation et dénonce une "justice des vainqueurs".
Pendant la crise post-électorale, plusieurs pro-Ouattara se sont également rendus coupables d'exactions. Certains chefs de guerre qui occupent aujourd'hui de hauts postes des forces de sécurité seraient visés par la CPI, affirment des connaisseurs du dossier.
Avec AFP