
Les pompiers sur le site de la COP30 à Belem, au Brésil, le 20 novembre 2025. © Fernando Llano, AP
Un incendie a bouleversé la dernière ligne droite des négociations climatiques de la COP30 au Brésil, alors que les délégués négociaient à marche forcée pour forger un compromis avant la clôture vendredi soir. Le site à Belem est fermé et rouvrira au plus tôt jeudi 20 novembre dans la soirée. Les délégations ont été forcées de rentrer dans leurs hôtels.
C'est le troisième incident sérieux depuis le début de la conférence de l'ONU démarrée la semaine dernière dans cette ville d'Amazonie brésilienne. Une incursion de manifestants indigènes, puis le blocage de l'entrée, avaient déjà perturbé la conférence, organisée par le Brésil avec l'ONU.
Le feu a éclaté vers 14 h (heure locale, 17 h GMT) en plein cœur du site temporaire au Parque da Cidade, constitué d'immenses tentes climatisées. La fumée s'est répandue rapidement et les hautes flammes ont consumé une partie du toit dans le secteur des pavillons nationaux, ont constaté des journalistes de l'AFP. Treize personnes ont été intoxiquées, selon les organisateurs.
Problèmes préalables signalés
Des agents avec extincteurs puis des pompiers ont éteint l'incendie en six minutes, selon la présidence brésilienne de la conférence et l'ONU Climat. Aucune alarme n'a retenti, si bien que l'évacuation du très grand site a été menée par des agents de sécurité dans un certain désordre.
"Les difficultés opérationnelles juste avant le démarrage de la COP pouvaient laisser penser que ce type d'incident puisse se produire", a confié à l'AFP une source proche de l'organisation, sous couvert d'anonymat.
Le patron de l'ONU Climat, Simon Stiell, s'était plaint dans une lettre aux Brésiliens, au début de la conférence, de problèmes de sécurité, de climatisation et de fuites d'eau. "Cela aurait pu arriver n'importe où dans le monde", s'est défendu Celso Sabino, ministre brésilien du Tourisme, présent sur place.
Mais de multiples participants ont signalé des systèmes de câblages électriques ayant déjà causé des problèmes ces derniers jours. L'AFP a aussi constaté dans son propre espace de travail des fuites d'eau venant du plafond pendant les fortes pluies tropicales quotidiennes. La cause de l'incident reste inconnue. Le ministre a évoqué "peut-être un court-circuit, un téléphone en charge".
Dégâts sur les négociations
Il y a eu "des personnes en état de détresse émotionnelle et de choc", a témoigné Kimberly Humphrey, spécialiste en médecine d'urgence, participant à la COP avec Doctors for the Environment Australia.
Le site ne rouvrira pas avant 20 h (heure locale, 23 h GMT), a indiqué l'ONU, faisant état de "dégâts limités".
Mais les dégâts sur les négociations sont importants. La présidence brésilienne de la conférence était déjà en retard sur son calendrier et devait publier jeudi un projet d'accord pour les 194 pays et l'Union européenne membres de l'accord de Paris, pour une adoption par consensus, toujours une épreuve.
À l'extérieur, la frustration des participants qui espéraient envoyer un signal fort sur la coopération climatique est palpable. "Cela va retarder le processus" alors que c'est le "moment crucial" où "l'on doit prendre des décisions", a dit à l'AFP Windyo Laksono, un délégué indonésien.
Désespéré, Marti Orta, observateur et professeur à l'université de Barcelone, déplore de voir le processus à l'arrêt : "On doit parler de l'avenir de l'humanité sur la planète, cela n'a aucun sens de continuer à parler de ce feu", dit-il.
Le défi de la "feuille de route"
Des délégués contactés par l'AFP disent n'avoir pas de nouvelles de la présidence de la COP30. L'UE a tenu sa réunion de coordination en visioconférence. "La situation est volatile. On attendait des nouvelles de la présidence en début d'après midi, là c'est compliqué pour eux, ils faut qu'ils relancent un processus clair et propre", confie un négociateur d'un pays développé.
L'un des sujets les plus difficiles est l'idée de créer une "feuille de route" pour la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, largement responsables du réchauffement, alors que le sujet semblait impossible à raviver.
Le président brésilien Lula lui-même en parle depuis le début du sommet et l'a remise au centre mercredi lors de sa visite. Mais selon un négociateur qui a souhaité rester anonyme, la Chine, l'Inde, l'Arabie saoudite, le Nigeria et le Russie s'y sont fermement opposés lors de consultations, avant l'incendie.
Avec AFP
