À une semaine du premier tour des élections municipales, le pic de pollution en Île-de-France et la mise en place de la circulation alternée a été l’occasion de débats houleux entre les candidats à la Mairie de Paris.
Ça chauffe dans la capitale. Si la hausse des températures printanières a précipité la capitale dans un nuage de pollution depuis près d‘une semaine, elle a aussi plongé les candidats à la mairie de Paris dans un âpre brouillard. La pollution avait d'ailleurs été le premier thème à enflammer les candidates socialiste et UMP, qui s’étaient écharpées sur le diesel au début de la campagne municipale. À six jours de l’élection, la question est plus que jamais au cœur de tous les débats.
Depuis samedi, les attaques fusent d’un QG de campagne à l’autre. La candidate socialiste,
Anne Hidalgo, a mis le feu aux poudres avec ses potentiels alliés au second tour de la municipale, accusant
Europe Ecologie-Les Verts (EELV) d’avoir favorisé une commande de bus au diesel. Des propos jugés "scandaleux" par
Cécile Duflot, ministre de l’Égalité, du Territoire et du Logement : "C’est une commande qui avait été passée en février et les écologistes n’avaient pas voté cette commande. En décembre, quand la commande était déjà payée à 60%, avec des bus moins polluants que ceux qui circulent aujourd’hui, les Verts ont assumé", a-t-elle déclaré au micro de Jean-Jacques Bourdin sur
RMC lundi 17 mars.
EELV dénonce des mesures trop tardives
Le candidat EELV à la mairie de Paris, Christophe Najdovski, n’a pas mâché ses mots vis-à-vis d'Anne Hidalgo, raillant lundi une " candidate qui ne dit pas un mot et préfère participer à un défilé en moto" . Il évoquait sûrement le défilé de motardes auquel la candidate a participé le 8 mars, sur une moto électrique. Très actif depuis une dizaine de jours sur le thème de la pollution, Christophe Najdovski critique le gouvernement qui a, selon lui, tardé à prendre les
mesures d’urgence qu’il réclamait depuis plusieurs jours. "Cette mesure aurait dû être mise en place la semaine dernière, au plus fort de la pollution", a-t-il déclaré lundi sur
BFMTV. I l dénonce "l'inaction coupable des pouvoirs publics depuis 30 ans". Dopé par les pics de pollution et l’inquiétude croissante des Franciliens, il appelle à voter Vert dès le premier tour des municipales.
Pour lui, les solutions sont simples : réduire la circulation automobile en Île-de-France et développer les transports en commun. Le candidat EELV propose un projet de tramway de 18 kilomètres courant le long de la Seine, du pont de Saint-Cloud (XVIe arrondissement) à Maison-Alfort, dans le Val-de-Marne, traversant un "central Park" de 5 hectares au cœur de la capitale. Il veut à terme chasser les véhicules diesel de la capitale et créer une zone écologique, suivant le modèle de Berlin, qui consiste "à interdire les véhicules les plus polluants et à préparer un plan de sortie du diesel."
NKM dopée au Zapa
De son côté, l'ancienne ministre de l'Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet n'est pas moins sévère ce week-end . Elle n’a eu de cesse de répéter que les mesures d’alternance de la circulation, mises en place à Paris lundi 17 mars, n’étaient qu’un "cache-misère" du gouvernement, qui n’a pas su "anticiper". La candidate UMP à la mairie de Paris a expliqué dimanche que le gouvernement avait pris cette décision car il s'est "rendu compte que la pollution devient un problème électoral" et que cela risque de "polluer leur campagne". Elle a par ailleurs ironisé sur les Vélib' gratuits dans la capitale : "Avec votre Velib' gratuit, vous allez pouvoir faire du vélo derrière un bus au diesel que Mme Hidalgo a acheté et qui roulera jusqu'en 2027".
Pour NKM, la solution a un nom : Zapa. Des "zones d'action prioritaire pour la qualité de l'air", qui pourraient réduire "significativement" la pollution. Les Zapa, qu’elle se propose de mettre en place dès le début de son mandat, permettraient aux maires d’interdire les véhicules les plus polluants dans certains quartiers. Mais la candidate socialiste a aussitôt évacué le sujet au cri de "Zappons les zapa !". "C’ est une usine à gaz, du jus de crâne technocratique" aux modalités d'application "inopérantes", a répondu dimanche Anne Hidalgo. Même si elle a laissé entendre qu'un système de pastilles attribuées aux voitures en fonction de leur degré polluant pourrait être prochainement institué.
Hidalgo épingle la "ministre du diesel"
Lors d’une conférence de presse dimanche, Anne Hidalgo a fait ses propositions et défendu le bilan antipollution de l'exécutif ces dernières années, fustigeant " l' opposition virulente et radicale de la droite" à la baisse de la circulation automobile dans Paris. Elle a notamment épinglé la "ministre du diesel", Nathalie Kosciusko-Morizet, à la manœuvre lorsqu'elle était ministre de l'Écologie et des Transports sous Nicolas Sarkozy, entre novembre 2010 et février 2012 . "Ça fait 13 ans qu’on mène une politique de lutte contre la pollution et la droite s’est opposée à tout", a répété la candidate socialiste lundi matin sur
France Inter.
L'actuelle première adjointe de Bertrand Delanoë a fait de l’environnement l’une de ses sept priorités de campagne, assurant dans son
programme vouloir " diminuer de 40% supplémentaires les oxydes d’azote, de 28% les particules fines, et de 40% les particules très fines". Elle promet donc "d'éradiquer le diesel à Paris, notamment les cars de tourisme et les autobus" et de renforcer les transports publics. Lundi, la candidate a tenté tant bien que mal d’éteindre le feu qu’elle avait allumé la veille avec Europe-Écologie Les Verts (EELV). "Depuis 2001, nous conduisons ensemble à Paris une politique de lutte contre la pollution. (...) Même si on a des débats, on partage un objectif commun qui est la lutte contre la pollution". Et l’accès à l'Hôtel de ville.