À trois jours du référendum sur le rattachement de la Crimée à la Russie, le Premier ukrainien, Arseni Iatseniouk, en visite à Washington, a exhorté Vladimir Poutine au dialogue. Barack Obama a, lui, menacé Moscou de sanctions en cas d'ingérence.
Depuis Washington, le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a appelé le président Vladimir Poutine au dialogue. À trois jours d'un référendum sur le rattachement de la Crimée à la Russie, le dirigeant ukrainien a été reçu avec les honneurs par Barack Obama. À sa sortie de la Maison Blanche, il s'est lancé dans un plaidoyer passionné face aux caméras.
Reprenant les éléments d'un célèbre discours prononcé par Ronald Reagan à Berlin, en forme de supplique au dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev, Arseni Iatseniouk a exhorté le président russe à "abattre ce mur, ce mur de guerre, ce mur d'intimidations et d'agression militaire. Parlons".
De son côté, Barack Obama a clairement affiché son soutien à l'Ukraine en mettant en garde son homologue russe Vladimir Poutine. "Nous continuerons à dire au gouvernement russe que s'il poursuit sur le chemin actuel [...] nous serons obligés d'imposer un coût aux violations du droit international par la Russie en Ukraine", a déclaré le président américain après avoir reçu Arseni Iatseniouk dans le Bureau ovale. Un geste fort, puisque cet honneur est réservé aux chefs d'État et de gouvernement étrangers, tandis que Moscou rejette la légitimité du nouveau pouvoir à Kiev.
Le chef du gouvernement ukrainien est attendu jeudi aux Nations unies à New York, où il prononcera un discours lors d'une séance publique du Conseil de sécurité. Il a par ailleurs assuré que son pays resterait un "bon ami et partenaire de la Russie", même s'il établissait des liens plus forts avec l'Europe occidentale.
L'Ukraine "fait partie du monde occidental, et le restera", a-t-il encore souligné, alors que la crise actuelle a été déclenchée par le refus du président ukrainien déchu Viktor Ianoukovitch d'entériner un rapprochement avec l'Union européenne.
itL’isolement de la Crimée
Mais, à trois jours de la consultation prévue dimanche sur l'avenir de la péninsule où vivent deux millions de personnes, dont des minorités tatare et ukrainophone, rien ne semblait en mesure d'enrayer son glissement dans le giron russe.
La Crimée est désormais quasiment coupée du reste de l'Ukraine, les forces russes en contrôlant les points stratégiques. Tout est en place pour une sécession rapide: le "Premier ministre", Serguiï Axionov, s'est autoproclamé "chef des armées" et les deux millions d'habitants de la Crimée, majoritairement russophones, n'ont désormais plus accès qu'aux chaînes de télévision russes. Des hommes en treillis fouillent tout voyageur arrivant à Simferopol en provenance du Nord et seuls les vols en provenance de Moscou peuvent y atterrir.
Les déclarations à l'AFP du président ukrainien par intérim, Olexandre Tourtchinov, semblent cependant confirmer que l'Ukraine s'est résignée à abandonner la Crimée à la Russie. Kiev s'inquiète désormais d'une éventuelle intrusion par la frontière de l'Est, région où vivent de nombreux Ukrainiens d'origine russe. "Nous ne pouvons pas nous engager dans une opération militaire en Crimée, ainsi nous dénuderions la frontière orientale et l'Ukraine ne serait pas protégée, les militaires russes comptent là-dessus", a déclaré à l'AFP Olexandre Tourtchinov, également chef des armées.
Sanctions de Bruxelles
Entre Russes et Occidentaux, l'incompréhension reste totale, malgré plusieurs échanges ces dix derniers jours entre les chefs des diplomaties américaine et russe. John Kerry et Sergueï Lavrov vont se rencontrer une nouvelle fois vendredi à Londres.
Un référendum en Crimée sur le rattachement à la Russie n'aurait "aucune valeur juridique", ont en outre averti mercredi les dirigeants des pays du G7, demandant à Moscou de cesser "immédiatement" de soutenir un tel processus qui n'aurait "aucune force morale".
Pour leur part, les Européens accélèrent le rapprochement avec l'Ukraine. La chancelière allemande Angela Merkel a annoncé que le volet politique de l'accord d'association avec l'Union européenne pourrait être signé au cours du prochain sommet de l'UE, prévu à Bruxelles les 20 et 21 mars.
Avec AFP