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Syrie : la faim comme "arme de guerre"

Dans un rapport publié lundi, Amnesty International dénonce le siège du camp palestinien de Yarmouk, à Damas, par l'armée syrienne. Les civils y subissent de graves privations, près de 130 personnes y seraient ainsi mortes de faim.

Le quartier de Yarmouk, situé en périphérie de Damas, est devenu symbolique des souffrances que le conflit syrien fait subir aux civils. Cette zone, où résident majoritairement des réfugiés palestiniens, est assiégée depuis des mois par l’armée syrienne. Celle-ci tente de déloger les combattants rebelles qui ont pris le contrôle de ce faubourg défavorisé de la capitale en décembre 2012. Dans un rapport rendu public le 10 mars, Amnesty International dévoile l’ampleur "des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité" qui y sont commis. Selon l’ONG de défense des droits de l'Homme, les privations engendrées par ce siège ont provoqué le décès, depuis juillet 2013, de près de 200 personnes, parmi lesquelles 128 sont mortes de faim.

"La vie à Yarmouk est devenue insupportable pour les civils désespérés qui se retrouvent affamés et piégés dans une spirale de souffrance, sans aucun moyen de s’échapper", a ainsi estimé Philip Luther, le directeur du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International dans un communiqué. "Les civils de Yarmouk sont traités comme les pions d’un jeu meurtrier qu’ils ne contrôlent absolument pas".

Le rapport révèle que, dans ce camp transformé en champ de bataille où se trouvent encore 20 000 civils, 60 % des personnes souffriraient de malnutrition. Les habitants n’ont pas mangé de légumes ni de fruits depuis des mois en raison du blocus. Une photo publiée fin février par l’UNRWA (photo de cet article), le programme d’aide de l’ONU aux réfugiés palestiniens, avait confirmé la dégradation de la situation humanitaire dans ce camp. Le cliché, largement diffusé, montre une impressionnante marée humaine se pressant autour d’une distribution d’aide alimentaire.


"Une attitude impitoyable"

En plus de ce siège, l’ONG affirme que l’armée syrienne a mené à plusieurs reprises des attaques par des raids aériens ou des tirs d'artillerie lourde sur des bâtiments civils de cette zone, comme des écoles et des hôpitaux. Les médecins et le personnel médical sont aussi pris pour cible. Une douzaine d’entre eux ont été arrêtés et six autres ont disparu après avoir été capturés par les forces gouvernementales, d’après l’enquête d’Amnesty International.

"Frapper de manière répétée un secteur fortement peuplé, où les civils n’ont aucun moyen de s’échapper, témoigne d’une attitude impitoyable et d’un mépris flagrant pour les principes les plus élémentaires du droit international humanitaire", résume Philip Luther.

À l’occasion du troisième anniversaire de la révolution syrienne, Amnesty International lance également un appel à une grande veillée de solidarité place du Trocadéro, à Paris, le 15 mars à 19h, avec d’autres associations.