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En images : 698 défenses d'éléphants réduites en poussière à Paris

Les autorités françaises ont procédé jeudi, au pied de la tour Eiffel, à la destruction de plus de trois tonnes d'ivoire, récoltées lors de saisies depuis vingts ans. Un geste symbolique pour lutter contre le trafic en recrudescence.

C’est un geste symbolique. Les autorités françaises ont détruit, jeudi 6 février, plus de trois tonnes d’ivoire fruit de vingt ans de saisies, dans le but de sensibiliser l’opinion à cette question. Paris souhaite ainsi afficher sa détermination à lutter contre ce trafic en recrudescence au niveau mondial.

Au total, ce sont 698 défenses brutes ou travaillées et plus de 15 000 objets qui sont partis en fumée sur le Champs-de-Mars, au pied de la tour Eiffel. D’une valeur estimée à près d’un million d’euros, l’ivoire a été mis dans un concasseur et réduit en une poudre pour être ensuite incinérée.

"Nous sommes les premiers en Europe, c'est un signal très fort de l'engagement de la France à combattre le commerce illégal d'espèces menacées, avec d'autres États comme les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la Chine et des pays africains" a déclaré sur place Nicolas Hulot, envoyé spécial de François Hollande pour la protection de la planète.

Défenseur de longue date des éléphants, Nicolas Hulot a évoqué "leur situation tragique, notamment en Afrique centrale où 60 % de la population a été décimée en 10 ans". "C'est une étape, certainement pas la fin d'un combat", a ajouté Nicolas Hulot en rappelant que le commerce illégal de l'ivoire "n'est plus seulement un problème environnemental, mais aussi un problème de sécurité majeur car l'argent est réinjecté dans d'autres trafics (armes, drogues, etc.), ce qui déstabilise certaines régions d'Afrique".

Un trafic en recrudescence

Hors de l’Europe, d'autres pays - Chine, États-Unis, Philippines - ont procédé ces derniers mois à des destructions partielles de leur stock d'ivoire illégal, c'est-à-dire importé après le moratoire sur le commerce international décidé en 1989.

Ces démarches reflètent une préoccupation internationale grandissante au sujet de la survie des éléphants, notamment en raison d'une demande d'ivoire très forte en Chine.

"C'est un acte fort qui est amené à se répéter", a déclaré le ministre de l’Écologie Philippe Martin, rappelant que la France s'était engagée en décembre à détruire systématiquement les nouvelles saisies. Jusqu'ici, l'ivoire saisi était stocké par les douanes ou les tribunaux et parfois donné à des musées.

Philippe Martin a également rappelé que, conformément aux annonces de François Hollande lors du sommet Afrique-France de décembre, les amendes pour l'achat d'ivoire illégal avaient été multipliées par dix, passant de 15 000 à 150 000 euros.

Le trafic des espèces protégées est le quatrième au monde, derrière la drogue, la contrefaçon et celui des êtres humains. Le trafic d'ivoire, tiré par une forte demande en Chine et dans une moindre mesure en Thaïlande, est aujourd'hui en recrudescence malgré le moratoire sur son commerce international.

La population d'éléphants d'Afrique est estimée à environ 500 000 spécimens, soit moitié moins que dans les années 80.

Avec dépêches AFP et Reuters