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Berlin s’est réjoui, mardi, des annonces du président François Hollande lors de son grand oral, le 14 janvier, pour renforcer le couple franco-allemand. Des déclarations dont il convient maintenant de dessiner les contours précis.

Il y a un couple dont le président François Hollande a abondamment parlé. Et ce n’est pas celui qui intéressait le plus les quelque 600 journalistes présents lors de la conférence de presse du 14 janvier : le couple franco-allemand.

Pour le chef de l’exécutif français, il est urgent de le renforcer sur plusieurs fronts. Un message d’amour qui, couplé à l’annonce de réformes économiques proches dans l’esprit de celles menées en Allemagne pour améliorer sa compétitivité, n’a pas échappé à Berlin. “Nous avons un grand respect pour les efforts et les réformes qui ont été annoncées”, a déclaré Marianne Kothé, porte-parole du ministère allemand des Finances. Le gouvernement a également salué la volonté affichée par François Hollande de renforcer la coopération entre la France et l’Allemagne.

“Il est remarquable que le président français ait mis en avant le couple franco-allemand lors de sa conférence de presse, cela souligne l’importance qu’il accorde à cette relation”, résume Norbert Wagner, un expert allemand des questions françaises, contacté par FRANCE 24. On est bien loin des premiers jours du quinquennat quand les ministres français rivalisaient de petites phrases assassines contre la rigueur économique “made in Germany”.

"Airbus de l’énergie"

Mais qu’en est-il des annonces précises faites par François Hollande pour renforcer le couple historique de la construction européenne ? L’enthousiasme semble alors moins débordant. C’est particulièrement flagrant concernant l’annonce d’un éventuel “Airbus de l’énergie verte”. Cette proposition du chef de l'État pour créer une grande entreprise franco-allemande de la transition énergétique “fera l’objet d’intenses discussions dans les prochains jours et les prochaines semaines”, a simplement indiqué un porte-parole du ministère allemand de l’Économie.

“C’est une proposition originale, mais vu les positions très différentes en matière énergétique de l’Allemagne et de la France, il y aurait probablement eu des sujets où un accord aurait été plus facile à trouver entre les deux pays”, explique Norbert Wagner. En effet, alors que la France vise à baisser sa dépendance à l’énergie nucléaire à 50 %, l’Allemagne, quant à elle, s’est engagé à s’en priver complètement d’ici 2020.

Un terrain d’entente devrait être plus facile à trouver sur le front de l’harmonisation des règles fiscales et d’une plus grande “convergence économique” en Europe. Deux domaines évoqués par le président français “où des tentatives de rapprochement ont déjà été faites”, rappelle Norbert Wagner. Mais ce sont plutôt les Français qui sont demandeurs en la matière. Certes, François Hollande s’est félicité que l’Allemagne se convertisse au salaire minimum, mais sur le reste ? “Il faut regarder secteur par secteur, et les possibilités existent dans le domaine de l’union bancaire ou d’un plus grand rapprochement des règles qui régissent le marché du travail”, estime Norbert Wagner.

Reste le chantier de la défense. François Hollande veut établir un “projet de défense” européen en partenariat avec l’Allemagne. Il espère avancer sur ce dossier lors de la visite de la chancelière allemande Angela Merkel à Paris, le 19 février prochain. Mais peut-il y avoir une convergence de points de vue entre une France qui semble actuellement jouer à fond la carte du gendarme en Afrique et l’Allemagne, historiquement hostile à envoyer ses soldats sur les terrains de conflit ? “Berlin est très engagé dans le projet d’Europe de la défense”, assure Norbert Wagner. Il rappelle, notamment, que l’Allemagne a soutenu - même modestement - les opérations militaires au Mali en y envoyant deux avions transporteurs.