À New-York, 80 anciens policiers et pompiers sont accusés d’avoir simulé des troubles psychologiques à la suite des attentats du 11-Septembre, pour toucher des pensions d’invalidité. Une fraude qui pourrait s’élever à 400 millions de dollars.
Cent-six personnes, dont 80 anciens policiers et pompiers new-yorkais, ont été inculpées, mardi 7 janvier, dans une vaste affaire de fraude après les attentats du 11-Septembre. Une fraude qui, selon le procureur de Manhattan, a coûté 400 millions de dollars. Les accusés auraient simulé dépression et stress post-traumatique consécutif aux attaques contre les tours jumelles, afin de toucher la pension d'invalidité, qui varie aux États-Unis entre 30 000 et 50 000 dollars par an.
Après les attentats, beaucoup avaient en effet déclaré être incapables de travailler, évoquant des troubles psychiques. Dans leur demande de pension, les accusés avaient affirmé qu'ils sortaient peu de chez eux, ne voyageaient pas, et n'avaient quasiment pas d'interaction sociale. Mais de fait, la plupart allait très bien : les services du procureur ont diffusé des photographies des fraudeurs en train de faire du jet-ski, de piloter un hélicoptère ou de prendre des cours de judo.
D'après l'accusation, la fraude était organisée par quatre hommes, Raymond Lavallée, avocat de 83 ans, Thomas Hale, 89 ans, Joseph Esposito, un ex-policier de New York âgé de 64 ans, et John Minerva, 61 ans, consultant spécialisé dans les questions d'invalidité. Ces derniers ont aidé leurs collègues dans les démarches à effectuer auprès des services sociaux et leur ont appris à feindre les symptômes de ces troubles. Pour leur aide, les quatre complices touchaient de 20 000 à 50 000 dollars par dossier accepté. Quant aux fraudeurs, ils ont en moyenne reçu chacun 210 000 dollars, certains empochant même jusqu'à 500 000 dollars.
Déshonneur
Si certains des accusés souffraient effectivement de troubles, ces derniers étaient trop limités pour prétendre à des pensions d'invalidité, a précisé l'acte d'accusation.
"Beaucoup des participants (à cette escroquerie) ont de façon cynique prétendu souffrir de maladie mentale comme un résultat du 11-Septembre, déshonorant les équipes de secours qui ont servi leur ville au prix de leur propre santé et sécurité", s'est insurgé, mardi, le procureur de Manhattan Cyrus Vance. Il a également souligné le fait que cette escroquerie avait réduit d'autant les ressources pour combattre les vraies situations de stress post-traumatique.
"L'idée même que nombre d'entre eux aient choisi les évènements du 11-Septembre pour prétendre à des pensions de handicap les déshonore davantage encore", a pour sa part déclaré le chef de la police new-yorkaise, Bill Bratton.
Avec AFP et Reuters