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A moins de 100 jours des JO d'hiver, obsession sécuritaire à Sotchi

Les jeux de Sotchi s’annoncent déjà comme les plus chers de l’histoire. Police, armée, services secrets seront mobilisés pour l’évènement. Les mesures de surveillance sont les plus imposantes jamais mises en place pour un événement sportif. Car Sotchi se trouve à une centaine de kilomètres du Caucase du Nord et de ses républiques comme le Daguestan, QG de la rébellion islamiste.

"Nous les moudjahidines du Caucase, nous devons faire tout notre possible pour empêcher la tenue des Jeux olympiques et ce, par tous les moyens qu’Allah nous autorise." Cette menace directe sur la sécurité des JO d’hiver de Sotchi, qui s’ouvriront au mois de février de l’année prochaine, a été prononcée par l’ennemi public numéro un de Moscou, le chef rebelle islamiste tchétchène Doku Oumarov.

Sotchi dans le viseur des islamistes
"L’émir du Caucase" a revendiqué de nombreux attentats en Russie, comme ceux du métro de Moscou en 2010. Et quand il menace, il est pris très au sérieux par les autorités russes qui le traquent sans relâche. Et pour cause, Sotchi se trouve à une centaine de kilomètres du Caucase du Nord et du Daguestan, fief de la rébellion islamiste. "Les terroristes aiment la mise en scène et la théâtralité, et de ce point de vue là, les Jeux olympiques sont l'occasion rêvée de montrer ce dont ils sont capables", explique à FRANCE 24 Alexei Malashenko, spécialiste du Caucase au centre Carnegie.
Depuis des mois, le comité antiterroriste mène des exercices militaires en prévision des Jeux et Sotchi, qui doit accueillir 6 000 athlètes et plusieurs dizaines de milliers de spectateurs, a été transformée en forteresse. En mer, des navires de guerre patrouillent en permanence, tandis que deux radars ont été installés pour détecter des sous-marins. Près de 40 000 policiers seront également déployés dans la station balnéaire.
"Les mesures de sécurité sont tout simplement  sans précédent. Je ne peux pas donner tous les détails, mais je peux vous dire que rien qu'en ville, dans la rue et sur les place publiques, nous avons installé 1420 caméras de surveillance pour l'occasion", rassure Anatoly Pakhomov, le maire de Sotchi.
Un régime d'état d'urgence qui ne dit pas son nom
Ouvrir l'œil partout et tout le temps : dans le ciel des dirigeables et des drones filmeront la ville et ses visiteurs, tandis que 4 000 autres caméras de surveillance ont été placées au cœur des installations sportives. Andrei Soldatov, spécialiste des services secrets, a récemment révélé l'existence d’un système sophistiqué, baptisé Sorm, qui permet l’interception des communications téléphoniques et électroniques dans la région de Sotchi, et ce, à l'insu même des opérateurs.
"En 2010, les autorités ont pris la décision de développer Sorm pour les JO. Des équipements très modernes ont été installés à Sotchi pour permettre une surveillance totale des habitants mais aussi des sportifs et des délégations officielles", précise-t-il à FRANCE 24.
Toutefois, la profusion de mesures de sécurité exceptionnelles commence à être très critiquée. Ainsi les "manœuvres de prospection anti-terroriste" menées par le FSB, les services secrets russes, qui consiste à multiplier les contrôles d'identité, sont dénoncés aujourd'hui comme des mesures de pression par de nombreux habitants.
"Les services de sécurité viennent de mener une série d'arrestations en ville. Des écologistes, des militants d'ONG, des membres de la société civile ont été arrêtés et on leur a clairement fait comprendre qu'il n'était pas dans leur intérêt de manifester pendant les Jeux olympiques", affirme le journaliste Ivan Netchepurenko.
Certains prétendent même avoir été menacés de poursuites plus sérieuses. Si le président russe Vladimir Poutine avait promis d’organiser les JO les plus sûrs de l'histoire, il semble avoir mis en place un régime d'état d'urgence à Sotchi qui ne dit pas son nom.

Portrait de Dokou Oumarov (diffusé en avril 2010)