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Dans le nord, des Kurdes de Syrie annoncent une administration autonome

Des formations kurdes du nord-est de la Syrie ont annoncé, mardi, la formation d'une administration autonome de transition. De violents combats opposent les milices kurdes aux djihadistes dans ces régions, et les Kurdes ont repris l'avantage.

Ils avaient déjà une autonomie de fait, mais désormais c'est officiel. Des formations kurdes du nord-est de la Syrie ont annoncé, mardi 12 novembre, l'établissement d'une administration autonome de transition, après avoir progressé sur le terrain face aux groupes jihadistes.

Depuis que les forces de Bachar al-Assad s'en sont retirées à la mi-2012, les zones kurdes du nord de la Syrie sont administrées par des conseils locaux kurdes, et fonctionnent de façon quasi-autonomes. Ce retrait avait été perçu comme tactique, destiné essentiellement à encourager les Kurdes, qui représentent 15 % environ de la population syrienne, à ne pas s'allier aux rebelles. Pour autant, la stratégie des Kurdes avaient globalement consisté à protéger leurs régions des violences venues, tant des rebelles que du régime.

Plus récemment, des combats ont opposé les combattants kurdes aux djihadistes, et en octobre, les forces kurdes ont pris le contrôle d'un poste frontalier très important à la frontière de l'Irak. Une victoire de plus, qui semble les avoir confortés dans une position de force.

Dans les pays voisins, les Kurdes gagnent en autonomie

Ce communiqué survient alors que les Kurdes gagnent en autonomie, dans les pays voisins. En Turquie, une série de réformes vient ainsi d'être rendue publique, destinées à étendre les droits des minorités, dont ceux des quelque 15 millions de Kurdes y vivant. Et en Irak, la région autonome du Kurdistan irakien se démarque de plus en plus du gouvernement fédéral de Bagdad.

"Aujourd'hui est un jour important dans l'histoire du peuple kurde", a déclaré Shirzad Izidi, porte-parole du Conseil du peuple du Kurdistan occidental, un groupe kurde syrien, évoquant "le début de l'application d'une administration intérimaire dans les zones du Kurdistan occidental", la région kurde de Syrie.

Cette annonce est également intervenue, après des discussions dans la localité de Qamishli, à majorité kurde, et quatre mois après que des dirigeants kurdes de Syrie ont annoncé leur intention de mettre en place un gouvernement provisoire.

Doute sur la viabilité de l'administration

En vertu de cette décision, la région kurde de Syrie est divisée en trois zones, dotées chacune d'une assemblée locale, ainsi que de représentants au sein d'un organe exécutif régional.

Le communiqué annonce la "formation d'une administration civile transitoire pour la région du Kurdistan occidental/Syrie." Cette administration a été chargée de préparer les élections locales et générales, outre des questions politiques, militaires, économiques et de sécurité.

Reste que d'autres groupes kurdes importants ont refusé de signer cette déclaration déjà évoquée en juillet. Et cela jette un doute sur sa viabilité.

Pour l'instant, elle est composée du puissant Parti de l'Union Démocratique (PYD) et de plusieurs autres petites formations, mais pas du Conseil national kurde (KNC), qui inclut un large éventail de partis kurdes.

"Je pense qu'une telle démarche précipitée, unilatérale sera perçue [...] comme un obstacle à l'opposition syrienne", a expliqué un membre du KNC. "J'estime que le PYD avance dans la mauvaise direction, en annonçant individuellement l'administration locale", a-t-il ajouté.

Les combats entre Kurdes et djihadistes, qui luttent également contre le régime de Bachar al-Assad, ont ajouté à la complexité d'une guerre civile, ayant fait, selon une ONG syrienne, plus de 120 000 morts depuis 2011.

Avec dépêches