, correspondante de FRANCE 24 à New York – La Chine, la Russie, l'Arabie saoudite, l'Algérie, le Vietnam et Cuba ont été élu, mardi, à New York, pour siéger au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU. Un choix "absurde" selon plusieurs organisations non-gouvernementales.
Le Conseil des droits de l'Homme à l'ONU, qui siégera à compter du 1er janvier 2014, sera sans nul doute l'un des plus divisés de son histoire. Le choix, mardi 12 novembre, à New York, d'intégrer la Chine, la Russie, l’Arabie saoudite, le Vietnam, Cuba et l’Algérie, parmi les 14 sièges vacants, a créé la stupéfaction, en particulier du côté des organisations non-gouvernementales.
"C’est une journée noire pour les droits de l’Homme”, a réagi auprès de France24.com Hillel Neuer, directeur général de UN Watch, une ONG située à Genève. Il dénonce un choix “absurde” qui s'avère être une "insulte pour les victimes de droits de l’Homme ayant besoin de la protection des Nations unies”.
Les autres pays désignés pour trois ans sont : la Grande-Bretagne, la France, le Mexique, les Maldives, le Maroc, la Namibie, l'Afrique du Sud et l'ancienne République yougoslave de Macédoine. Leur objectif : adopter des résolutions pour mettre en relief certains manquements aux droits de l'Homme. Mais selon UN Watch, seuls quatre des seize candidats - l'Uruguay et le Sud Soudan n'ayant pas été élus - répondaient aux critères pour siéger dans ce Conseil qui compte 47 membres : la Grande-Bretagne, la France, la Macédoine et le Mexique.
"Les accusés qui siègent en tant que juges"
La nomination de ces six membres controversés pourrait, selon l'ONG, fortement discréditer le travail du Conseil des droits de l'Homme. "En élisant des pays qui violent massivement les droits de l'Homme à la tête de l'organisation chargée de les protéger, les Nations unies vont ajouter plus encore d'ingrédients pourris dans le potage", avait prévenu Hillel Neuer avant l’élection. "Ce sont ceux qui devraient être sur le banc des accusés qui siègent en tant que procureurs et juges", ajoute-t-il aujourd'hui.
Le bilan de la Russie, de la Chine, de l'Arabie saoudite, de Cuba, du Vietnam et de l'Algérie en matière de respect des droits de l'Homme n'est pas très glorieux. Pour ne citer que quelques exemples, Hillel Neuer, chargé de veiller à ce que l’ONU respecte sa propre Charte, rappelle que les deux membres des Pussy Riot Maria Alyokhina et Nadezhda Tolokonnikova sont emprisonnées depuis début 2012 pour avoir chanté "une prière punk" contre Vladimir Poutine, que le dissident chinois Liu Xiaobo est le seul nobel de la Paix toujours en prison, ou encore que le rappeur cubain "El Critico" est détenu pour avoir défié le pouvoir castriste. Sans oublier l’Arabie saoudite qui “fouette et punit" les personnes violées.
Des pays qui refusent les enquêteurs de l'ONU
Également interpellé à Moscou à plusieurs reprises pour avoir protesté contre le gouvernement russe, Oleg Kozlovsky, activiste et Observateur pour FRANCE 24, craint aujourd'hui que "ce vote ne donne plus de poids et d’influence au gouvernement russe pour agir contre les défenseurs des droits de l’homme sur le terrain". Pour lui, “cela signifie que la pression internationale, aussi petite soit-elle aujourd'hui, sera encore plus insignifiante.”
Il est vrai que ces six États refusent de laisser les enquêteurs de l'ONU se pencher sur leurs agissements, comme le mentionne l’ONG new-yorkaise Human Rights Watch. "Les pays qui n'autorisent pas les visites des inspecteurs nommés par l'ONU nous doivent des explications, a souligné Peggy Hicks, de Human Rights Watch. C'est comme embaucher quelqu'un et ensuite refuser de le laisser entrer dans le bureau."
Le Conseil des droits de l'Homme à l'ONU serait il en train de commettre les mêmes erreurs que son ancêtre ? Créé en 2006, l'organe a remplacé la Commision des droits de l'Homme, largement discréditée et régulièrement critiquée pour son manque d'influence et d'efficacité. L'organe avait notamment été dirigé par l'ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.