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Iran-Israël : le récit des 12 jours de guerre ouverte
Du 13 au 24 juin 2025, Israël et l’Iran s'affrontent à coups de missiles et de frappes aériennes. Un conflit qui affaiblit considérablement la République islamique, touche durement certaines villes israéliennes et dont l'issue est décidée dans le Bureau ovale. En lettres capitales sur son réseau social, c'est Donald Trump qui lui a donné son nom : “La guerre des douze jours”.  Récit.
Le système de défense aérienne israélien "Dôme de fer" en action pour intercepter des missiles lors d'une attaque iranienne au-dessus de Tel-Aviv, en Israël, le dimanche 15 juin 2025. © AP Photo/Leo Correa - Studio graphique FMM

Cela faisait 20 ans qu’acteurs et observateurs des conflits au Moyen-Orient s'interrogeaient non sur la probabilité mais plutôt sur les modalités et les conséquences d’un affrontement entre Israël et l’Iran.

Le 13 juin 2025 au petit matin, alors que des explosions sont entendues à Téhéran, Benjamin Netanyahu s’adresse aux Israéliens pour leur annoncer qu'il a déclenché l'opération "Rising Lion" et que l’heure de vérité est arrivée.

Au cours de sa très longue carrière politique, le Premier ministre israélien n'a cessé de désigner l’Iran comme l'ennemi principal de son pays. Son programme nucléaire, n'a-t-il cessé de répéter sur toutes les estrades de la planète, n’a qu’une finalité : la destruction de l’État hébreu.

  • 13 au 24 juin : Israël se rend maître du ciel iranien

Les deux pays s’étaient déjà affrontés directement un an auparavant. L’Iran avait tiré des missiles et des drones sur l’État hébreu, tandis que les avions israéliens avaient ciblé la défense antiaérienne et les lanceurs de missiles de la République islamique.

Des escarmouches au regard de l’attaque massive et fulgurante lancée au petit matin du 13 juin. Quelque 200 avions israéliens ciblent les sites militaires partout en Iran, ainsi que les installations nucléaires de Natanz, Fordo et Ispahan.

En quelques heures, Israël se rend maître du ciel iranien. Pendant les douze jours du conflit, son aviation va opérer comme bon lui semble aux quatre coins du territoire de la République islamique. Le succès de cette guerre éclair doit probablement beaucoup aux attaques de drones FPV – commandés à distance grâce à une caméra embarquée – directement menées depuis le sol iranien par des agents du Mossad infiltrés.

Au soir du 13 juin, le bilan est catastrophique pour la République islamique. Sa défense antiaérienne est muette, plusieurs villes iraniennes sont frappées et au moins une vingtaine d’officiers supérieurs du régime ont été éliminés, dont Mohammad Bagheri, l’officier le plus haut gradé en Iran, et Hossein Salami, le commandant en chef des Gardiens de la révolution.

Neuf scientifiques travaillant sur le programme nucléaire iranien sont également victimes d’opérations ciblées, le "coup le plus décisif" porté au programme nucléaire militaire de Téhéran, selon le quotidien Le Monde – qui dénombre au total l’assassinat de 16 scientifiques en douze jours de guerre.

Quelques jours plus tard, Benjamin Netanyahu affirme que son armée cherche à éliminer l’ayatollah Khamenei et Donald Trump affirme qu’il sait où il se trouve.

Si, finalement, l’aviation israélienne ne parvient pas à atteindre le Guide suprême, l'État hébreu réussit en douze jours à considérablement affaiblir l’Iran. Selon des chiffres diffusés par l’armée israélienne, le stock de 2 500 missiles balistiques détenus par l’Iran aurait été réduit à 1 000 ou 1 500, tandis que les deux tiers des lanceurs de missiles auraient été détruits, leur nombre passant de 250 à une centaine. 

Le 24 juin, au premier jour du cessez-le-feu, le ministère iranien de la Santé annonce que la guerre a fait au moins 610 morts et plus de 4 700 blessés parmi la population civile, sans communiquer le nombre de victimes au sein de son armée.

Selon l’observatoire des conflits Acled, basé aux Etats-Unis, Israël a mené 360 attaques dans 27 provinces iraniennes, dont un tiers sur la capitale Téhéran, visant notamment des ministères, des installations pétrolières, la télévision nationale, des universités et la célèbre prison d’Evin.

  • 13 au 24 juin : l’Iran frappe durement les villes israéliennes

Au soir du 13 juin, les forces armées iraniennes ripostent en tirant une centaine de drones Shahed, puis deux salves de missiles hypersoniques sur le territoire israélien. Quelques heures plus tôt, l’ayatollah Khamenei s’est adressé à ses compatriotes pour affirmer que l'Iran "ne fermera pas les yeux", soulignant qu'Israël a "lancé une guerre" qui le mènera "à sa ruine".

L’opération "Promesse honnête 3" est lancée. Les sirènes d’alerte résonnent en Israël, les missiles iraniens sont visibles dans le ciel de Jérusalem et des bâtiments sont en feu à Tel-Aviv.

Iran-Israël : le récit des 12 jours de guerre ouverte
Une explosion à Tel-Aviv après une frappe de missile iranien dimanche 15 juin. AP - Leo Correa

L’armée israélienne estime à au moins 150 le nombre d'engins tirés depuis l’Iran dans la nuit du 13 au 14 juin. Avec l’aide des États-Unis et de la Jordanie, elle parvient cependant à intercepter une grande partie des projectiles, qui visaient notamment la Kirya – le "Pentagone israélien" – et des installations nucléaires. 

L'armée interdit de partager sur les réseaux sociaux des vidéos ou des photos des dommages infligés par les bombardements iraniens, qui font cette nuit-là au moins deux morts et une soixantaine de blessés, selon les services de secours.

Au cours des 12 jours de guerre, les salves de missiles iraniens font des dégâts importants dans les villes israéliennes et touchent aussi une raffinerie de pétrole à Haïfa, des centrales électriques et des usines de traitement d’eau. Le centre de recherche de l’Institut Weizmann des sciences à Rehovot et l’hôpital de Soroka à Beer-Sheva subissent des destructions importantes.

Selon l’Acled, 36 impacts directs sur des zones habitées font au moins 28 morts, tous civils, et 3 000 blessées. Selon l’armée israélienne, l’Iran a tiré quelque 550 missiles et 1 000 drones, tandis que le taux d’interception de ces projectiles par Israël et ses alliés aurait avoisiné les 90 %. 

Fin juin, le quotidien israélien Haaretz a réalisé une cartographie des dégâts infligés par les missiles iraniens sur les centres urbains. Selon son enquête, à Tel-Aviv, 480 bâtiments ont été endommagés, dont certains gravement, sur cinq sites distincts.

À Ramat Gan, en banlieue de Tel-Aviv, 237 bâtiments ont été touchés sur trois sites, dont une dizaine gravement. Dans une autre banlieue de Tel-Aviv, à Bat Yam, 78 bâtiments ont été endommagés par un seul impact, 22 d'entre eux étant condamnés à être rasés.

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Des soldats israéliens fouillent les décombres d'immeubles résidentiels détruits par une frappe de missile iranien à Bat Yam, dans le centre d'Israël, le dimanche 15 juin 2025. AP - Baz Ratner

Par la suite, un nombre considérable de demandes d'indemnisations – 40 000 – ont été présentées aux autorités. Un prix à payer malgré tout acceptable pour une grande majorité d’Israéliens, qui ont massivement soutenu la décision de leur Premier ministre d'attaquer l’Iran.

Pour le chef d’état-major de l’armée israélienne, cette guerre des 12 jours est un succès éclatant et tous les objectifs de l’opération ont été atteints. "Nous avons retardé de plusieurs années le projet nucléaire iranien", clame-t-il.

  • 21 au 24 juin : les États-Unis entrent en jeu et imposent un cessez-le-feu

Le 18 juin, au cinquième jour de la guerre Iran-Israël, l’engagement éventuel" des États-Unis aux côtés d'Israël dans le conflit est sur toutes les lèvres. Devant la presse, Donald Trump affirme : "Je vais peut-être le faire, peut-être pas". Avant d'ajouter : "Personne ne sait ce que je vais faire".

Après avoir qualifié d'"excellentes" et de "très réussies" les frappes israéliennes au premier jour de la guerre, le président américain n'hésite pas longtemps. Si dans les mois précédents il avait exhorté Israël à ne pas attaquer l'Iran, alors qu'il s'efforçait de conclure un accord sur le nucléaire, Donald Trump est désormais pressé par son allié d’utiliser des bombes GBU-57 pour porter le coup de grâce au programme nucléaire iranien.

Israël ne dispose pas de cette arme, des munitions lourdes de 13 tonnes guidées par laser, destinées à détruire des bunkers enterrés, et réclame à son allié américain d’en faire usage. En effet, les deux principaux sites de production et de stockage d’uranium enrichi, à Fordo et à Natanz, dans des zones désertiques du centre de l’Iran, sont enterrés à des dizaines de mètres sous terre. Leur défense a déjà été affaiblie par les tirs de l’aviation israélienne.

Dans la nuit du 21 au 22 juin, l’opération "Midnight Hammer" est déclenchée. Sept bombardiers furtifs B2, les seuls capables de transporter des bombes GBU-57, décollent du Missouri et entrent dans l’espace aérien iranien. 

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Le bombardier furtif B-2 entouré de chasseurs américains F-35 lors d'un vol de démonstration à l'occasion des célébrations du 4 juillet aux États-Unis en 2020. © REUTERS - Mike Segar

Selon l’armée américaine, à Fordo, 12 bombes antibunker sont larguées successivement sur deux puits de ventilation, afin de pénétrer profondément dans la montagne. Deux autres visent le site de Natanz, tandis que des sous-marins de l’US Navy tirent deux douzaines de missiles de croisière Tomahawk sur le Centre de technologie nucléaire d’Ispahan.

Les États-Unis sont entrés en guerre contre l’Iran et Donald Trump annonce triomphalement que les principaux sites nucléaires iraniens ont été "complètement et totalement détruits" par les frappes, sans que cette affirmation puisse être vérifiée. En représailles, la République islamique bombarde la plus grande base américaine au Moyen-Orient, celle d’Al-Udeid au Qatar. Mais l’Iran a averti Washington des frappes, et la douzaine de missiles ne fait aucune victime américaine.

Iran-Israël : le récit des 12 jours de guerre ouverte
Une photo satellite montre une vue d'ensemble du complexe souterrain de Fordow, après que les États-Unis ont frappé l'installation nucléaire souterraine, près de Qom, en Iran, le 22 juin 2025. © Maxar Technologies, vía Reuters

Soucieux à la fois de ne pas autoriser l’Iran à disposer de l’arme nucléaire et de ne pas froisser sa base électorale hostile aux guerres extérieures, il ne reste plus à Donald Trump qu’à décréter la fin de la guerre. 

Seul, sur son réseau Truth Social, il annonce un cessez-le-feu entre les belligérants le 24 juin. "À la 24e heure, la fin officielle de la guerre des 12 Jours sera saluée par le monde", écrit-il pompeusement. 

Pendant quelques heures encore, Iraniens et Israéliens continuent à se battre avec acharnement. Enfin, après d’ultimes bombardements israéliens meurtriers sur Téhéran et iraniens sur Beer-Sheva, dans le sud de l'État hébreu, les grands rivaux du Moyen-Orient finissent par se soumettre à l'exigence du président américain.