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Côte d'Ivoire - Cameroun, un choc de géants du foot africain et une "rivalité historique"
La Côte d'Ivoire affronte le Cameroun pour le choc du "groupe de la mort" de la CAN 2025, dimanche, au Grand Stade de Marrakech. Une affiche de gala entre deux sélections au palmarès fourni et habituées à se rencontrer. Ce match promet aussi de remettre au premier plan la "rivalité historique" entre les Éléphants et les Lions indomptables. Explications.
L'attaquant ivoirien Amad Diallo (à gauche) lors du match de CAN entre la Côte d'Ivoire et le Mozambique à Marrakech, le 24 décembre 2025. © Khaled Desouki, AFP

Un classique de la Coupe d'Afrique des nations pour les amateurs de football. La Côte d'Ivoire rencontre la route du Cameroun pour la deuxième journée du groupe F de la CAN 2025, dimanche 28 décembre à 21 h, au Grand Stade de Marrakech. Lors de cette affiche du "groupe de la mort", les Éléphants et les Lions indomptables vont se rencontrer pour la 9e fois dans la compétition reine du continent africain

Les Camerounais ont pour le moment l'avantage sur les Ivoiriens, avec cinq victoires en huit confrontations. Mais au-delà de cette statistique symbolique, les rencontres entre ces deux sélections raniment souvent le feu de la "rivalité historique" entre ces deux géants du continent.

"Les matches entre la Côte d'Ivoire et le Cameroun ont de la saveur notamment pour des raisons extra-sportives : ils ont longtemps été les têtes d'affiche de l'Afrique francophone, ce qui fait qu'il y a une rivalité historique entre eux", explique Hervé Kouamouo, journaliste sportif spécialiste du football africain. "Cette rivalité s'est prolongée avec l'émergence de l'Ivoirien Didier Drogba et du Camerounais Samuel Eto'o, qui sont arrivés quasiment en même temps à leur sommet."

Et il suffit parfois de seulement quelques mots pour rallumer la mèche de la rivalité entre les Éléphants et les Lions indomptables. La consigne du sélectionneur camerounais David Pagou passée à ses joueurs - "Ne respectez pas trop la Côte d'Ivoire" - a été largement commentée, au point que le sens en a été déformé.

C'est l'entraîneur ivoirien, Emerse Faé, qui a volé à son secours samedi lors de la conférence de presse d'avant-match : "Il ne s'agit pas de mal nous parler, ou de nous marcher dessus. Il n'y a aucune malveillance. Il ne s'agit pas d'un manque de respect au sens propre, pas du tout, il veut que son équipe ne regarde pas jouer la Côte d'Ivoire, qu'elle n'ait aucun complexe", a réagi le sélectionneur des Éléphants.

"Des Lions indomptables renaissants et des Éléphants qui gèrent l'héritage"

"Il y a une grande rivalité entre ces deux sélections, même si c'est plutôt une rivalité amicale", note Xavier Barret, journaliste indépendant et consultant de France 24. L'entraîneur de la Côte d'Ivoire n'a pas dit autre chose samedi en déclarant : "Le Cameroun, c'est le frère ennemi, le rival préféré, la belle-famille."

Cette concurrence saine ne doit rien au hasard, tant la Côte d'Ivoire et le Cameroun sont des géants du football africain. Les Éléphants ont participé à 26 des 35 éditions de la CAN, remportant trois titres (1992, 2015 et 2024). Les Lions indomptables ont, quant à eux, été présents lors de 22 Coupe d'Afrique et en ont gagné cinq (1984, 1988, 2000, 2002 et 2018).

Sur le terrain, les deux sélections ont réussi leur entrée en matière au Maroc en remportant leur premier match : le Cameroun a affirmé sa supériorité sur le Gabon (1-0), tandis que la Côte d'Ivoire a fait le travail face au Mozambique (1-0). Pour Xavier Barret, ces deux premières rencontres pourraient se résumer ainsi : "Des Lions indomptables renaissants et des Éléphants qui gèrent l'héritage."

Selon le consultant sportif, les Lions indomptables "ont vraiment été impressionnants d'un point de vue athlétique" face au Gabon. Et il poursuit : "Le Cameroun a surtout retrouvé une âme en faisant le ménage sous la conduite de Samuel Eto'o, en écartant notamment André Onana ou Vincent Aboubakar. Ils ont rajeuni les cadres et David Pagou a su réinjecter tout de suite une vraie philosophie d'esprit. Cette équipe a retrouvé une forme d'authenticité, de solidarité qui lui avait manqué dernièrement."

Concernant les Éléphants, la copie rendue face au Mozambique a satisfait les experts interrogés par France 24. Mais ils relèvent tout de même quelques limites. "Ils ont manqué de rythme et aussi de densité devant le but, ce qui était un peu surprenant", relève Hervé Kouamouo. "La Côte d'Ivoire n'a pas concédé d'occasions mais elle a été très rarement dangereuse". Pour Xavier Barret, les Éléphants "ont retrouvé leurs valeurs mais leur problème se situe au poste d'avant-centre, avec la blessure de Sébastien Haller avant le début de la CAN."

Un match qui décidera du futur vainqueur de la CAN 2025 ?

Quelles que soient les forces en présence de part et d'autre, dimanche, la rencontre promet d'être animée et aura valeur de test pour la suite de la compétition. Entre la Côte d'Ivoire et le Cameroun, ce "sont souvent des matches tendus et à enjeu qui se terminent rarement sur des scores lourds", rappelle Hervé Kouamouo.

Seuls quatre buts ont été inscrits lors de leurs trois dernières confrontations : 1-0 pour le Cameroun à la CAN 2002, 1-1 (et victoire 12-11 aux tirs au but pour la Côte d'Ivoire) à la CAN 2006, et 1-0 pour les Éléphants à la CAN 2015.

Le match de dimanche pourrait-il aussi finalement donner une indication... sur le futur vainqueur de la compétition ? En effet, quand la Côte d'Ivoire et le Cameroun se sont rencontrés lors des phases de poules de la Coupe d'Afrique, le vainqueur du match a ensuite soulevé la coupe (excepté en lors de la 2e CAN, en 1970).

Vainqueurs des Lions indomptables en 2015, les Éléphants ont ensuite remporté la CAN. Le Cameroun a connu la même réussite lors des éditions 1984, 2000 et 2002.

"Les statistiques sont faites pour nous faire mentir régulièrement", plaisante Hervé Kouamouo, avant de conclure : "Je pense que cette statistique montre surtout que la Côte d'Ivoire et le Cameroun ont un très haut niveau de façon générale et, quand elles se rencontrent, au moins l'une d'entre elles est au sommet de son football. Là, même s'ils ne sont pas favoris au Maroc, les Éléphants et les Lions indomptables sont deux probables candidats au titre."