
Le chef du régime militaire nigérien, le général Abdourahamane Tiani (5e à droite), pose avec les membres de la commission chargée d'organiser la conférence nationale à Niamey, le 15 février 2025. © AFP
Le régime militaire du Niger a annoncé "la mobilisation générale" et des "réquisitions" de personnes et de biens pour mieux combattre les groupes jihadistes qui endeuillent le pays depuis des années, selon un communiqué du gouvernement consulté samedi 27 décembre par l'AFP.
Le Niger est dirigé par une junte militaire issue d'un coup d'État en juillet 2023.
Le pays est miné depuis une dizaine d'années par des attaques meurtrières de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et à l'Organisation État islamique. Elles ont fait près de 2 000 morts depuis le début de l'année, selon l'ONG ACLED qui documente les conflits dans le monde.
Le Burkina Faso voisin, touché par les mêmes violences et également dirigé par une junte militaire, avait pris une mesure similaire en 2023.
Vendredi, le Conseil des ministres du Niger a adopté un projet d'ordonnance instituant "la mobilisation générale" pour la défense de la patrie "dans le cadre de l'organisation de son armée."
"Peuvent être réquisitionnés pendant la mobilisation générale, les personnes, les biens et les services pour contribuer à la défense de la patrie dans le respect de la législation et de la réglementation en vigueur", a-t-il précisé à l'issue d'une réunion du Conseil des ministres.
"Tout citoyen est tenu de répondre immédiatement à l'ordre d'appel ou de rappel, de répondre sans délais à l'exécution des mesures de la défense de la patrie et de se soumettre à la réquisition", détaille le texte.
Un pays miné par les attaques jihadistes
Ces mesures sont "dictées" notamment par "la nécessité de préserver l'intégrité du territoire national" et de "protéger les populations" ainsi que "les institutions et les intérêts vitaux de l'État contre toute menace intérieure ou extérieure", ajoute-t-il.
Le Niger est également confronté aux actions meurtrières de Boko Haram et de l'État islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap) dans sa partie sud-est.
En 2020, le pays avait déjà annoncé le doublement de ses effectifs militaires, passant ainsi de 25 000 à 50 000 et l'âge de la retraite pour les militaires de rangs avait été repoussé de 47 ans à 52 ans.
Un millier d'anciens soldats de différentes spécialités avaient ensuite été recrutés.
Par ailleurs, le régime multiplie aujourd'hui les appels aux contributions "volontaires" des Nigériens pour alimenter un fonds qu'il a créé en 2023, destiné à notamment "équiper l'armée" et à financer "des projets agricoles."
Dès sa prise du pouvoir, la junte, qui prône la souveraineté, a chassé les soldats français et les troupes américaines qui combattaient les jihadistes notamment dans l'ouest nigérien proche du Mali et du Burkina Faso, deux voisins aussi confrontés aux violences jihadistes.
Le Niger, le Mali et le Burkina, tous trois dirigés par des juntes militaires et réunis dans la confédération de l'Alliance des Etats du Sahel (AES), ont lancé une force anti-jihadiste commune de 5 000 hommes.
Le junte dirigée par le capitaine Ibrahim Traoré au Burkina - président de l'instance dirigeante de l'AES - avait également pris une mesure de mobilisation générale en 2023, afin de réquisitionner des citoyens dans la lutte anti-jihadiste.
Son régime est régulièrement accusé par des ONG internationales d'utiliser ce décret de manière "abusive" lui permettant de réprimer les voix discordantes, "réquisitionnées" pour le front.
Avec AFP
