Des milliers de lycéens protestant contre les expulsions de Leonarda et Khatchik défilent entre la place de la Bastille et Nation, à Paris. En visite en Guadeloupe, le ministre de l'Intérieur avance son retour en métropole.
Pour la deuxième journée consécutive, plusieurs milliers de lycéens manifestent, vendredi 18 octobre, à Paris pour protester contre l'expulsion de France de la collégienne d'origine kosovare Leonarda Dibrani et d'un lycéen arménien de 19 ans, Khatchik Kachatryan.
En visite aux Antilles françaises depuis jeudi 17 octobre, Manuel Valls, doit rentrer ce vendredi soir à Paris, a indiqué son entourage à l'AFP. Le ministre de l'Intérieur devait initialement rester quatre jours en Outre-mer.
Un départ précipité en raison de la polémique suscitée par l'affaire Leonarda.
"Malheureusement, je repars ce soir parce que le rapport de l'inspection générale de l'administration concernant les conditions d'éloignement de Leonarda me sera remis demain" samedi, a-t-il déclaré à des journalistes à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe.
Les manifestants se sont rassemblés aux alentours de 13 heures (heure de Paris) sur la place de la Bastille à l'appel de l'Union nationale lycéenne (UNL) et de la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (Fidl) pour défiler jusqu'à celle de la Nation, sous la surveillance d'un important dispositif policier.
Le mouvement s'est élargi à l'Union nationale des étudiants de France (Unef), première organisation étudiante, et à des représentants de syndicats enseignants.
Dès la matinée, les accès à une vingtaine de lycées parisiens étaient bloqués, a indiqué la FIDL. "Sur Paris, une vingtaine de lycées sont mobilisés", a déclaré un responsable du syndicat, qui ne souhaite pas donner son nom, citant entre autres les lycées "Charlemagne, Sophie-Germain, Maurice-Ravel, Hélène-Boucher, Arago". Devant ces établissements, dont les entrées sont partiellement bloquées, des groupes d’élèves sont rassemblés. "On laisse une entrée sur le côté, il y a des cours, mais les classes sont un peu vides", précise la FIDL.
Au lycée Charlemagne, dans le centre de Paris, des poubelles étaient empilées devant l'entrée, a constaté un journaliste de l'AFP. Une banderole sur laquelle on peut lire "pas de papier, mais des cahiers, Charlemagne se mobilise pour Leonarda et Khatchik" était déployée.
"Ça pourrait être nos potes"
it"On est là pour les soutenir. Ça pourrait être nos potes. Ce sont des élèves comme nous. Il faut absolument qu'ils reviennent en France. On est en train de créer un mouvement qui prend de l'ampleur en France, pour réclamer leur retour. Il ne faut pas croire que les politiques se servent de nous, ça reste un mouvement purement lycéen", explique Heloïse Hakimi, en seconde, devant Charlemagne.
Une manifestation doit se tenir vendredi à 13 heures [heure de paris] entre Bastille et Nation. En dehors de la capitale française, "c'est beaucoup plus calme, il y a quelques lycées mobilisés à Marseille", a indiqué le porte-parole de la Fidl. Jeudi, quelques milliers de lycéens ont manifesté à Paris pour le retour en France des élèves étrangers expulsés.
L’enquête remise dans la soirée
L'enquête sur les circonstances de l'interpellation de Leonarda Dibrani sera remise "dans la soirée" de ce vendredi au gouvernement, qui s'exprimera "au cours du week-end" sur cette affaire, a appris l’AFP de source gouvernementale. Le président français, François Hollande, qui devait effectuer vendredi après-midi une visite au Conseil économique, social et environnemental, ne devrait donc pas s'exprimer immédiatement sur ce dossier.
itL’affaire continue cependant de faire des remous au sein de la classe politique. Sur le plateau de France 2, vendredi matin, le premier secrétaire du Parti socialiste [PS], Harlem Désir, a affirmé avoir demandé à ce que la collégienne de 15 ans, interpellée lors d’une sortie scolaire, avant d’être expulsée au Kosovo, "puisse revenir" en France.
"Il y a eu une faute"
"Il y a eu une faute, une faute qui doit amener à tirer un certain nombre de leçons", a affirmé le numéro un du PS. Tout en appelant, au "respect de la loi de la République", Harlem Désir estime que "l'intégration républicaine" doit également être prise en compte. Or, d’après lui, Leonarda symbolise "un parcours d'intégration réussi, qui ne doit pas être interrompu". Et d’ajouter : "une interpellation dans le cadre scolaire, c'est quelque chose qu'il faut arrêter".
Le patron du parti au pouvoir a également affirmé comprendre les lycéens qui ont décidé de manifester vendredi. "Quand la jeunesse de France s'exprime en solidarité, dans un moment où il y a tant d'intolérance, c'est un message très fort."
Harlem Désir refuse toutefois d’accabler Manuel Valls, cible de toutes les critiques depuis le début de la polémique. C’est "un très bon ministre de l’Intérieur de gauche, qui fait son travail", a-t-il précisé.
Le Parti communiste appelle à manifester
De son côté, le Parti communiste français (PCF) a appelé à "manifester" avec les lycéens mobilisés et a annoncé la présence d'une délégation de la formation à la manifestation."Hier, des milliers de lycéens sont descendus dans les rues de Paris pour dire non aux expulsions, et demander le retour de Khatchik et Leonarda", écrit le PCF dans un communiqué.
"Aujourd'hui, ils seront encore présents avec leurs professeurs, parents à 13h, place de la Bastille à Paris. Le PCF soutient la mobilisation et appelle à manifester. Ensemble, exigeons du président de la République un engagement solennel et immédiat de stopper sans délai toute expulsion de jeunes étrangers scolarisés, mineurs ou majeurs, dans notre pays", ajoute le texte.
Avec dépêches