Le sommet régional de l'Asean de Pattaya a été perturbé par des manifestants venus réclamer la démission du Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra. Le gouvernement maintient la rencontre consacrée à la crise économique.
Près de 2 000 supporters du Premier ministre déchu, Thaksin Shinawatra, ont affronté des membres des forces armées thaïlandaises à proximité de l’hôtel de la station balnéaire de Pattaya, où sont réunis les dirigeants de 16 pays asiatiques pour un sommet de trois jours consacré à la crise financière globale.
Des centaines de soldats ont été mobilisés pour assurer la sécurité de l'hôtel Royal Cliff Beach Resort, se postant même à l’intérieur du complexe.
Environ 400 manifestants ont réussi à franchir deux cordons de sécurité sur la route menant à l’hôtel avant d’être ensuite repoussés devant l’entrée. Les forces de l’ordre ont opposé peu de résistance, afin d’éviter de répéter les affrontements violents de Bangkok en décembre, qui avaient fait deux morts.
Les autorités thaïlandaises affirment que le sommet aura lieu malgré les manifestations. Il réunit les 10 membres de l’Association des Nations d’Asie du Sud Est (Asean) ainsi que la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle Zélande.
Le rassemblement de l’opposition vise à décrédibiliser aux yeux de ses invités le gouvernement d’Abhisit Vejjajiva, actuel Premier ministre et rival de Thaksin. "Nous voulons dire aux dirigeants de l’Asean que l’actuel gouvernement n’a aucune légitimité" a affirmé le chef de file des manifestants, Arismun Pongreungrong,.
Il a ajouté que le gouvernement Abhisit, n’étant pas démocratiquement élu, il ne pouvait prétendre à représenter le people thaïlandais lors du sommet. L’ambiance, joyeuse au départ, s’est tendue lorsque les manifestants ont tenté avec insistance de pénétrer dans l’enceinte de l’hôtel.
L’atmosphère ne s’est apaisée qu’à partir du moment où les chefs des manifestants sont parvenus à remettre une lettre à un délégué de l’Asean. "Maintenant qu’ils ont reçu notre lettre, nous sommes satisfaits. Nous partons, mais nous reviendrons demain" a déclaré M. Arismun.
Le Premier ministre Abhisit a assuré aux participants que leur sécurité n’était pas compromise. "Nous nous assurerons que le sommet se déroule sans encombres" affirma t-il lors d’une conférence de presse. La rencontre a déjà changé de lieu et a été reportée à plusieurs reprises.
Tensions persistantes
Thaksin Shinawatra a été renversé en 2006 par un putsch de généraux royalistes. En exil pour échapper à des condamnations pour corruption, il reste toutefois populaire parmi les populations rurales et modestes. Il encourage quotidiennement les manifestants via des messages vidéos diffusés sur Internet.
Abhisit Vejjajiva est devenu Premier ministre le 15 décembre, à la faveur d’un renversement d’alliance parlementaire. Soutenu par la classe moyenne et urbaine, il continue d’ignorer les nombreux appels à la démission qui le visent. Son gouvernement a durci ses positions à l’égard des manifestants, annonçant son intention d’obtenir des mandats d’arrêt contre les meneurs.
La situation demeure tendue à travers le pays. À Bangkok, environ 100 000 manifestants ont levé des blocus routiers paralysaient la capitale jeudi. Ils se sont ensuite regroupés autour du siège du gouvernement, prêts à riposter si la police avait sévit contre les manifestants à Pattaya. La violence, à peine contenue, est sous-jacente. La trêve, fragile, risque d’être de courte durée.