
Interpellé et incarcéré en avril, Karim Wade, ancien ministre et fils de l’ex-président sénégalais, doit justifier de l'origine de plus de 150 millions d'euros à Monaco, dans le cadre d'une enquête pour enrichissement illicite, a annoncé son avocat.
Nouveau rebondissement à Dakar dans le dossier des biens mal acquis. Le procureur d'une Cour spéciale sénégalaise en charge de l'enquête pour enrichissement illicite, Alioune Ndao, a lancé vendredi "une nouvelle mise en demeure à Karim Wade en lui attribuant 98,6 milliards de FCFA" (plus de 150 millions d'euros), a affirmé à l'AFP Me Amadou Sall, un des avocats de Karim Wade.
Ce nouveau montant, selon lui, "porte le patrimoine qui est attribué à Karim Wade à environ 800 milliards de FCFA" (plus de 1,2 milliard d'euros). "Ils sont allés chercher n'importe quoi pour le maintenir en prison", a-t-il indiqué. "On lui a donné un mois (jusqu'au 14 octobre) pour justifier l'origine" de cet argent déposé, selon l'accusation, dans une banque à Monaco, a ajouté Me Sall.
Karim Wade, 44 ans, ancien conseiller spécial et "super ministre" de son père, Abdoulaye Wade, sous sa présidence de 2000 à 2012, a été inculpé et placé en détention préventive le 17 avril à Dakar par un juge de la commission d'instruction de la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI), une juridiction spéciale sénégalaise.
Le procureur de cette Cour, Alioune Ndao, l'accuse d'avoir acquis de manière illicite divers biens et sociétés d'une valeur totale estimée à 694 milliards FCFA (plus d'un milliard d'euros). Le fils de l'ancien président affirme quant à lui s'être enrichi "en toute légitimité".
Dans un communiqué parvenu samedi à l'AFP, les avocats de Karim Wade indiquent que les documents ayant servi à la nouvelle mise en demeure "sont constitués de pièces transmises par les autorités monégasques". "Au lieu de demander la clôture de l'information et un non lieu que les faits imposent, l'accusation tente d'obtenir une nouvelle inculpation (...) dans le seul dessein de maintenir en prison Karim Wade qui, après cinq mois d'enquête, n'est toujours pas entendu sur le fond par les juges de la commission d'instruction" de la CREI, estiment ses avocats dans le communiqué.
Plusieurs anciens barons du régime de l'ex-président Abdoulaye Wade, dont d'anciens directeurs de sociétés, ont été emprisonnés ces derniers mois dans le cadre des enquêtes sur l'enrichissement illicite déclenchées par le régime de Macky Sall, élu en mars 2012, face à Abdoulaye Wade.
Avec dépêches