La marque américaine Abercrombie & Fitch a été condamnée pour avoir congédié une de ses employés qui portait le foulard islamique. La juge d'un tribunal de San Francisco a estimé que l'entreprise avait violé les lois contre la discrimination.
Un tribunal de San Francisco a condamné lundi 9 septembre la marque américaine de vêtements Abercrombie & Fitch pour avoir congédié une jeune employée de 19 ans portant le hijab. Alors que l’entreprise avait justifié ce licenciement sous le prétexte que le port du foulard islamique affectait son activité commerciale, la juge a estimé "qu’Abercrombie n’avait pas réussi à apporter la preuve que ses ventes avaient baissé".
Lors de son embauche en 2010 dans un magasin californien Hollister, une marque apparentée à Abercrombie & Fitch, Hani Khan, la jeune femme concernée, avait eu le droit de porter son hijab au travail. Mais quelques mois plus tard, sa supérieure était revenue sur sa décision. "Elle a exprimé des inquiétudes concernant mon foulard", a ainsi raconté Hani Khan à la chaîne américaine ABC. "Mes employeurs pensaient que cela ne collait pas avec le style préconisé pour les vendeurs, et j’ai trouvé cela vraiment injuste", poursuit la jeune femme.
De nombreux précédents
La marque Abercrombie est en effet connue pour ses directives très strictes en matière d’apparence et de style vestimentaire. Selon un guide distribué aux employés et récemment dévoilé par le site Buzzfeed, la marque décrit ainsi quelles sont les coiffures tolérées. "Toutes les coupes de cheveux pour hommes et femmes doivent être soignées, propres, naturelles, entretenues et classiques. Aucun employé n'est autorisé à avoir une coupe de cheveux ou une coloration 'extrêmes'. La coupe et la couleur de cheveux doit refléter votre beauté naturelle", peut-on lire dans ce document.
Le PDG de la compagnie Mike Jeffries avait d’ailleurs suscité un énorme tollé en mai dernier lorsqu’une interview datant de 2006 avait refait surface sur les réseaux sociaux. Dans cet entretien, le directeur expliquait que sa marque était avant tout destinée à des clients "cools et beaux".
Soupçonnée également de recruter du personnel en fonction de leur physique avantageux, la marque américaine est même entrée dans le collimateur en France du Défenseur des droits, Dominique Baudis. En juillet dernier, il a décidé de lancer une enquête sur les pratiques d’embauches de la société, afin de vérifier si elles ne sont pas discriminatoires.
En 2005, Abercrombie & Fitch avait déjà dû verser 40 millions de dollars après une action collective aux États-Unis de plusieurs milliers de plaignants affirmant s’être vu refuser un emploi en raison de leur origine.
Huit ans après cette première affaire, Hani Khan espère aujourd’hui que son cas va enfin avoir un impact. "J’espère vraiment qu’ils vont changer leur politique et leurs pratiques", a confié l’ancienne employée sur l’antenne d’ABC. La justice américaine doit déterminer le 30 septembre prochain, lors d’une nouvelle audience, la peine dont va écoper Abercrombie & Fitch.