![Après une journée sanglante, la "guerre des images" fait rage au Caire Après une journée sanglante, la "guerre des images" fait rage au Caire](/data/posts/2022/07/18/1658154523_Apres-une-journee-sanglante-la-guerre-des-images-fait-rage-au-Caire.jpg)
Alors que la capitale égyptienne se prépare à une nouvelle journée sous tension, après la dispersion dans le sang des campements pro-Morsi, les partisans de l’armée et les Frères musulmans ont entamé une guerre des images.
Au lendemain de la dispersion sanglante des campements pro-Morsi au Caire, les Frères musulmans et les partisans de l’armée continuent de s’opposer sur le terrain médiatique. Chaque camp offre ainsi sa vision des évènements de la veille, images à l’appui.
En fervente partisane du nouvel homme fort du pays, le général Abdel Fattah al-Sissi, la télévision égyptienne a ainsi diffusé des images fournies par l’armée, montrant deux hommes cagoulés et armés tirant en direction de cibles hors champ. Conformément à la ligne officielle du régime, le commentaire présente ces hommes armés comme des "terroristes islamistes", partisans du président déchu Mohamed Morsi.
La télévision égyptienne s’attarde également sur les policiers blessés de retour du front, sur les islamistes arrêtés, ou encore sur des images de caisses de munitions prétendument saisies à l’intérieur des campements pro-Morsi. Les partisans de l’assaut s’attachent ainsi à montrer que l’État égyptien se devait de rétablir l’ordre et la sécurité.
"Massacre prémédité"
Du côté des Frères musulmans, l’assaut est au contraire présenté comme un nouveau massacre prémédité, visant à décourager l’opposition au coup d’État militaire du 3 juillet dernier. Après la fermeture par l’armée des télévisions pro-islamistes, la confrérie s’est tournée vers les réseaux sociaux pour diffuser des images sanglantes de manifestants abattus d’une balle dans la tête. Elle annonce également des chiffres invérifiables sur le nombre de victimes – jusqu’à 4 500 morts – alors que le bilan officiel fait état, jeudi midi, de 525 morts.
Sur une vidéo fournie par les Frères musulmans, un manifestant pro-Morsi dénonce ainsi un "génocide" en s’adressant directement à la caméra depuis une mosquée dans laquelle s’entassent des dizaines de corps. "Le chef militaire Abdel Fattah al-Sissi sait bien que son coup d’État a échoué et qu'il sera à l'avenir traduit en justice pour ça, alors il essaye d'impliquer l'armée égyptienne et le reste de la population pour plonger le pays dans une guerre civile", continue le partisan de Morsi identifié comme étant Mohamed el-Beltagi, l'un des principaux dirigeant de la confrérie.
"Tiananmen égyptien"
Au milieu de cette guerre des images, la presse internationale s’est appuyée sur ses propres envoyés spéciaux pour documenter ce véritable bain de sang, que le quotidien britannique The Guardian a appelé "le Tian'anmen égyptien", en référence à l’écrasement par la force de manifestations pro-démocratie à Pékin en 1989.
Les observateurs neutres ont témoigné d’un assaut brutal, avec des tirs à balles réelles et des véhicules blindés, à mille lieux de la dispersion "graduelle" que le gouvernement intérimaire avait annoncé quelques jours auparavant. Quatre journalistes ont été tués, selon le quotidien égyptien al-Ahram, et plusieurs autres reporters ont été molestés par les forces de sécurité égyptiennes.
Alors que le coup d’État du 3 juillet et les premières violences avaient été mollement condamnés par les pays occidentaux, les images da la dispersion brutale des campements pro-Morsi ont déclenché de vives réactions au sein de la communauté internationale.
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