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De quelle "reprise économique" parle François Hollande ?

François Hollande est sous le feu des critiques depuis qu'il a déclaré lors du traditionnel entretien du 14-Juillet que "la reprise économique est là". Vérité ou embellie de la situation économique de la France ? Le décryptage de FRANCE 24.

Ils ne l’ont pas raté. En annonçant, lors du traditionnel entretien à l’Elysée du 14-Juillet, que la “reprise économique est là”, le président de la République a offert à ses détracteurs le bâton pour se faire battre.

Le chef d’État s'est mué en un "monsieur Irma” qui vit dans un monde déconnecté de celui des Français, estime ainsi le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon. Dans la même veine, Valérie Debord, députée UMP de Meurthe-et-Moselle, a trouvé que François Hollande “s’est transformé en oracle qui nie les réalités économiques et sociales de la France”. Même les écologistes, pourtant alliés des socialistes dans le gouvernement, jugent que seul “l’effet du soleil” pouvait expliquer l’optimisme présidentiel.

Chômage massif et croissance en berne

Face au chômage massif et à une croissance en berne,ces critiques trouvent que les deux indices d’une reprise invoqués par François Hollande - une production industrielle qui redémarre et une consommation en “petite reprise” - ne pèsent pas lourd. "Difficile de voire une inversion de tendance [économique]", juge ainsi dans le quotidien "Libération" Xavier Timbeau, directeur du département analyse et prévision à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

“C’est vrai que c’est au mieux une déclaration exagérée par rapport à la réalité, au pire un mensonge”, affirme à FRANCE 24 Pascal de Lima, économiste en chef chez Ecocell et enseignant à Sciences-Po Paris. Pour cet expert, la croissance - qui ne devrait pas dépasser 0% et pourrait même être négative en 2013 - prouve que François Hollande tente “par la communication de redonner confiance aux acteurs de l’économie”. Mais, souligne-t-il, cette “démarche psychologique ne peut pas résoudre les problèmes de la France”.

Reste que pour Pascal de Lima, tout n'est pas noir, et que si “ce n’est pas une reprise, il y a une stabilisation de la situation qui peut déboucher sur une reprise”, explique l'économiste. “Trois des principaux facteurs - la courbe du chômage, les déficits et les investissements - se stabilisent et cela prouve que la France n’est plus dans une spirale récessive”, détaille Pascal de Lima. “Il y a donc bien une lumière au bout du tunnel, mais il ne faut pas s’attendre à un feu d’artifice avec une forte croissance qui se profilerait à l’horizon”, ajoute-t-il. En clair : le chômage ne va pas se résorber comme on pourrait s’y attendre en cas de “reprise économique”.

Amélioration dans la zone euro

Cette stabilisation économique vient en partie de choix politiques du gouvernement. “Le crédit d’impôt productivité et le plan d’investissement de 12 milliards d’euros dévoilé la semaine dernière par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault devraient avoir un impact positif sur la production “, assure Pascal de Lima.

Pour autant, l’actuelle équipe dirigeante ne devrait pas, non plus, trop tirer la couverture à lui. “C’est essentiellement une amélioration de l’environnement économique en zone euro qui a permis de mettre un terme à la dégradation de la situation en France”, juge Pascal de Lima. Si l’Hexagone commence à aller mieux, le gouvernement pourrait donc commencer par remercier la Banque centrale européenne (BCE) et sa politique monétaire ainsi que l’Espagne et l’Italie pour leurs efforts de réduction de déficit qui ont permis de calmer les marchés financiers.