
Les dirigeants de l'Otan n'ont pu se mettre d'accord sur la désignation du nouveau secrétaire général de l'Alliance. Considéré comme le candidat le mieux placé, le Danois Anders Fogh Rasmussen (photo) n'a pas les faveurs de la Turquie.
AFP - Les 28 dirigeants de l'Otan n'ont pu se mettre d'accord vendredi soir sur la désignation du Danois Anders Fogh Rasmussen comme nouveau secrétaire général de l'Otan et poursuivront leurs discussions samedi, a indiqué à l'AFP un diplomate de l'Otan.
"Il n'y a pas eu d'accord ce soir entre les chefs d'Etat et de gouvernement à l'issue de leur dîner de travail" à Baden-Baden (ouest de l'Allemagne) et "les conversations reprendront demain" lors de la séance plénière du sommet de l'Otan à Strasbourg (est de la France), a-t-il déclaré.
Ce diplomate s'est refusé à parler d'échec ou de blocage de la part de la Turquie alors que la chancelière Angela Merkel avait publiquement dit souhaiter avant le dîner dont elle était l'hôte que le Premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen soit nommé dès vendredi soir.
Peu auparavant, cependant, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan avait demandé à l'Otan de trouver une solution de rechange à la candidature de M. Rasmussen, en raison de l'affaire des caricatures de Mahomet publiées au Danemark.
"Pourquoi doit-on en rester à un seul nom? N'y a-t-il pas d'alternative? Nous souhaitons trouver une autre personnalité avec laquelle la question sera réglée", a déclaré M. Erdogan à Istanbul. La Turquie est représentée au sommet de l'Otan par son président Abdullah Gül.
Le Premier ministre turc s'exprimait à son retour de Londres, où il avait déclaré plus tôt dans la journée qu'il doutait des capacités de M. Rasmussen "à contribuer à la paix mondiale".
Il a cité en exemple les caricatures de Mahomet, publiées par un journal danois en 2005, et qui avaient déclenché une vague des manifestations violentes dans le monde musulman. M. Rasmussen avait défendu ces dessins satiriques au nom de la liberté d'expression.
La Turquie est le seul pays musulman de l'Otan et la deuxième puissance en nombre de soldats (environ 520.000) après les Etats-Unis.
"Comment ceux qui n'ont pu contribuer à la paix pourraient-ils le faire dans l'avenir? Nous avons des doutes", avait soutenu le Premier ministre turc.
Il a aussi reproché à son homologue danois "de n'avoir pas voulu" interdire une chaîne de télévision kurde, Roj, basée au Danemark et considérée comme une vitrine des rebelles séparatistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan.
Au contraire, Mme Merkel s'était dite elle convaincue qu'un nouveau secrétaire général serait nommé vendredi dans la soirée. "Je pense que M. Rasmussen serait un excellent choix. Si nous le choisissons, il sera un secrétaire général très fort", a-t-elle ajouté lors d'une conférence de presse conjointe avec le président américain Barack Obama.
M. Rasmussen est considéré comme le candidat le mieux placé pour succéder au Néerlandais Jaap de Hoop Scheffer en août. Les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne soutiendraient aussi sa nomination.
Le président Gül, qui représente la Turquie au sommet de l'Otan, semble être plus conciliant au sujet de la nomination.
"Les décisions prises à l'Otan sont parfois douloureuses et longues. Mais en fin de compte elles sont prises à l'unanimité et sur la base du gagnant-gagnant", a-t-il dit avant de s'envoler pour le sommet.