Les Moudjahidine du peuple d'Iran tiennent leur rassemblement annuel ce samedi à Villepinte, près de Paris. Ces opposants au régime en place attendent de nombreux invités comme l'ancien maire de New York, Rudy Giuliani.
Il est baptisé "Iran vers la liberté". Les Moudjahidine du peuple d'Iran, membre du Conseil national de la résistance iranienne fondé en 1981 par l'opposant Massoud Radjavi, ont choisi le grand hall de Villepinte, près de Paris, pour tenir leur rassemblement annuel.
Sur les t-shirts, les portraits des deux leaders autoproclamés des Iraniens en exil :
Maryam Radjavi, à la tête du Conseil national de la résistance depuis 20 ans, et son mari Massoud, l'un des fondateurs des Moudjahidine du peuple. Des figures iraniennes importantes venues d'Europe et des États-Unis sont attendues à la tribune samedi.
"Des Iraniens du monde entier seront là pour soutenir le changement en Iran, pour renverser le régime... Cette résistance est pour l'instauration d'un État pluraliste et laïc", insiste au micro de FRANCE 24, Afchine Alavi, porte-parole du Conseil national de la résistance iranienne.
itDans les années 1970, les Moudjahidine mènent d'abord la lutte armée contre le shah d'Iran, avant de se révolter contre les mollahs, au pouvoir après la révolution. Le conflit est sanglant et annonce le début de l'exil.
"Secte politique"
En 1986, Massoud met sur pied, chez le voisin irakien, l'Armée de libération nationale.
Les armes et l'argent affluent alors pour soutenir Saddam Hussein contre le régime de Téhéran. Mais rapidement, le vent tourne. Avec la dégradation des relations entre les États-Unis et l'ancien allié irakien, les Moudjahidine finissent par être inscrits sur la liste des organisations terroristes.
C'est alors que Maryam Radjavi intervient. Elle donne alors aux Occidentaux des informations précieuses sur le programme nucléaire iranien et obtient ainsi le retrait, en 2012, du mouvement de la liste noire. "Une nouvelle époque a commencé pour la résistance en Iran et aussi à l'étranger", s'était-elle alors félicitée.
Mais pour Bernard Hourcade, chercheur au CNRS et spécialiste de l'Iran, ce grand mouvement de résistance ressemblerait davantage aujourd'hui à une secte politique, organisée autour d'un culte de la personnalité.
"C'est pour la République islamique la seule organisation politique capable de tuer quelqu'un à Téhéran encore aujourd'hui, même si leur capacité dans ce domaine-là a beaucoup faibli depuis une dizaine d'années, analyse Bernard Hourcade. Ils sont assez autonomes sur le plan financier et peuvent ainsi tous les ans, tous les deux ans, faire des meetings extraordinaires ou même acheter les voix de quelques députés."
Et si à l'étranger les Moudjahidine disposent d'une force de frappe non négligeable, leurs détracteurs doutent depuis bien longtemps de leur réelle influence en Iran.