
La Commission européenne donne deux ans de plus à la France pour réduire son déficit public sous les 3 % du PIB. En contrepartie, elle lui demande des mesures pour redresser ses finances : la réforme des retraites devra être engagée dès cette année.
La Commission européenne a, comme prévu, donné deux ans de plus à la France pour réduire son déficit public sous la barre des 3 % du produit intérieur brut (PIB). Elle lui a recommandé mercredi 29 mai d'atteindre 3,9 % fin 2013, puis 3,6 % fin 2014 et enfin 2,8 % fin 2015. La Commission avait déjà annoncé qu'elle accorderait deux ans supplémentaire à la France pour revenir dans les clous des 3 %, mais avait jusqu'ici simplement souligné que le déficit devrait être ramené "nettement" en-dessous de ce seuil en 2015, sans fixer d'objectif précis.
La décision d'accorder ces deux ans de répit à Paris repose sur plusieurs critères, explique la Commission. D'une part, les autorités françaises ont fait des efforts importants pour réduire le déficit depuis 2009, et d'autre part la situation économique s'est détériorée en France, avec un risque de récession cette année. La Commission prévoit en effet une baisse du PIB de 0,1 %. De plus, explique la Commission, les prévisions économiques concernant le déficit pour 2014, à 4,2 %, rendent irréaliste la perspective d'un retour sous les 3 % dès l'an prochain, quelles que soient les mesures prises par les autorités françaises en ce sens.
La France doit engager une réforme des retraites dès cette année
itLa Commission fait plusieurs recommandations à la deuxième économie européenne pour redresser ses finances et muscler son économie. Elle demande que la réforme des retraites soit menée cette année avec l'objectif de ramener le système à l'équilibre financier d'ici 2020. L'exécutif européen recommande notamment à Paris "d'adapter les règles d'indexation, les âges minimum et de taux plein, la période de contribution et les régimes spéciaux, mais en évitant d'augmenter les contributions des employeurs aux régimes des retraites".
Le gouvernement français a promis une nouvelle réforme des retraites à l'automne après des discussions au sein de la conférence sociale des 20 et 21 juin. Les gros traits de la réforme, en préparation, sont déjà connus. Il n'y aura ni réforme globale du système, ni nouveau recul de l'âge légal, mais un allongement de la durée de cotisation.
La Commission recommande parallèlement à l’Hexagone de simplifier son système fiscal, d'abaisser le coût du travail et d'accroître la concurrence dans le secteur des services. Et les engagements en faveur de ces mesures sont attendus dès 2013.
D’autres pays concernés
La France n'est pas le seul pays européen à bénéficier de la mansuétude de la Commission, qui propose d'accorder aussi deux ans supplémentaires à l'Espagne, à la Pologne et à la Slovénie pour ramener leurs déficits sous les 3 %. Elle propose d'accorder une année supplémentaire au Portugal et aux Pays-Bas.
Actuellement, 20 pays sur 27 dans l'UE sont concernés par la procédure d'infraction pour déficit excessif. La Commission a proposé que cinq d'entre eux, l'Italie, la Lettonie, la Hongrie, la Lituanie et la Roumanie sortent de cette procédure. Elle propose à l'inverse l'ouverture d'une procédure concernant Malte et demande que la Belgique soit mise en demeure de corriger son déficit, constatant que ce pays "n'a engagé aucune action suivie d'effet pour mettre un terme à sa situation de déficit excessif".
Les recommandations seront discutées lors du prochain sommet des chefs d'État et de gouvernement fin juin, avant d'être approuvées formellement par les ministres des Finances des 27.
FRANCE 24 avec dépêches