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Au Belize, une pyramide maya victime des bulldozers

Scandale au Belize : une société de construction a détruit l'une des principales pyramides mayas du pays afin d'en extraire de la pierre pour construire une route.

Belize, ses douceurs fiscales, ses plages et ses ruines mayas. Pour les amateurs de civilisations disparues toutefois, l’attrait touristique du pays vient d'en prendre un coup... L’une des principales pyramides du site maya de Nohmul, dans le nord de ce petit État d'Amérique centrale, vient, en effet, d’être détruite par une société de BTP, De-Mar's, qui avait besoin de pierres pour construire une route.

La destruction de cet important vestige, vieux de 2 300 ans, a été découverte en fin de semaine dernière. Après le passage des bulldozers et des ouvriers armés de pioches, il ne reste plus qu’un gros bloc de pierre de ce qui fut autrefois une pyramide haute de plus de 30 mètres. Il s'agit d'un acte “abject et révélateur de l’ignorance crasse de ces entrepreneurs pour le patrimoine de Belize”, a réagi Jaimes Awe, directeur de l’Institut archéologique national, mardi 14 mai.

Comment expliquer ce geste de la société de construction ? Celle-ci ne savait-elle pas qu’elle s’attaquait à l’un des hauts lieux touristiques du pays, au point de confondre une pyramide maya avec une "simple colline", comme le dit Jaimes Awe ? Le directeur de l'Institut archéologique national n'y croit pas une seconde : “c’est une zone entièrement plate où seules les ruines mayas s’élèvent”, affirme-t-il.

Le gouvernement du pays semble bien décidé à tirer cette histoire au clair. Mercredi 15 mai, il a ainsi lancé une enquête pour comprendre comment ce qu’il a qualifié “d’acte impardonnable” a pu se produire. “Les sites tels que celui-ci sont sacrés pour l’histoire du Belize et doivent être protégés à tout prix”, a fait savoir le ministère du Tourisme, pour qui Nohmul est le complexe archéologique national au potentiel touristique le plus fort.

Scandale politique ?

Si l'ampleur du scandale s'explique, en partie, par l'importance historique et touristique de la pyramide détruite, elle n'est pas seule en cause. Comme le rappellent les archéologues, en effet, ce n’est pas la première fois que les ruines mayas du pays sont victimes des pelleteuses d’entrepreneurs peu regardants. “Il s'agit de la destruction la plus importante à ce jour, mais des incidents tels que celui-ci sont monnaie courante et représentent un problème endémique dans ce pays largement recouvert de forêts où la roche est rare”, explique au quotidien britannique Daily Mail Norman Hammond, professeur d’archéologie à l’université de Boston.

Pour certains, les entrepreneurs locaux s’attaqueraient même à ces sites avec la complicité tacite des autorités. “D’autres vestiges ont été détruits sans que le gouvernement ne s’en émeuve parce qu’il faut trouver de la pierre pour permettre la construction des routes”, a ainsi affirmé l’Association des professionnels du tourisme de Belize, mercredi 15 mai. Une accusation rejetée par le ministère du Travail, qui assure “n’être en rien impliqué dans la destruction” de ces ruines.

Le responsable de De-Mar's, l’homme d’affaires et politicien local Denny Grijalva, a lui attendu mercredi 15 mai pour réagir. “Je partage l’indignation publique et je collaborerai pleinement avec les autorités”, a-t-il indiqué dans un communiqué. S’il est reconnu coupable de “destruction volontaire d’un ancien monument ou site”, il pourrait être condamné à une peine pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison.