Pour la première fois depuis dix mois, la Banque centrale européenne (BCE) a réduit son principal taux directeur, ce jeudi. Ce dernier est désormais fixé à 0,5 %, un taux historiquement bas. La mesure vise à favoriser une reprise économique.
La Banque centrale européenne (BCE) a réduit ses taux d'intérêt jeudi pour la première fois depuis dix mois, profitant de la faiblesse actuelle de l'inflation pour tenter de soutenir le crédit et l'activité économique dans la zone euro.
L'institution de Francfort a ramené son taux de refinancement, son principal instrument de politique monétaire, de 0,75% à 0,5%, un nouveau plus bas historique.
Cette décision était anticipée par une courte majorité des économistes interrogés par Reuters car le président de la BCE Mario Draghi avait dit début avril que le Conseil des
gouverneurs était "prêt à agir".
Mario Draghi doit tenir à 12h30 GMT une conférence de presse pour expliquer sa décision.
Les indicateurs économiques publiés ces dernières semaines avaient renforcé la probabilité d'une baisse de taux en soulignant le ralentissement continu de l'activité tout comme celui des prix.
L'inflation dans la zone euro est ainsi revenue à 1,2% en rythme annuel en avril alors que la BCE vise un niveau proche de mais légèrement inférieur à 2%. Quant au chômage, il touche désormais 12,1% de la population active, un niveau sans précédent.
L'euro progressait à plus de 1,32 dollar et les Bourses européennes variaient peu après la décision de la BCE, prise lors d'une réunion du Conseil des gouverneurs à
Bratislava, en Slovaquie.
Un effet sans doute limité
"La BCE joue la sécurité, même si elle sait que l'effet sera probablement limité", a déclaré Anders Svendsen, analyste de Nordea. "L'important, pour le marché, c'est la tonalité du discours. Si la BCE annonce d'autres mesures pour soutenir le crédit aux PME, ce sera positif mais si elle dit que baisser les taux, c'est tout ce qu'elle peut faire, je crois qu'il y aura de de la déception."
La BCE constate depuis plusieurs mois déjà que sa politique monétaire peine à se répercuter sur les taux des crédits bancaires, notamment aux petites et moyennes entreprises des pays les plus en difficulté de la zone euro.
Elle pourrait donc, au-delà de la baisse des taux, envisager d'autres mesures, comme des achats de titres de dette d'entreprise, à la fois pour soutenir le crédit et pour empêcher un ralentissement trop marqué des prix.
"A terme, nous pensons que la BCE devra acheter des actifs du secteur privé afin de réparer le mécanisme de transmission", explique Andrew Bosomworth, de Pimco, le premier gestionnaire de fonds obligataires du monde.
La baisse du taux "refi" annoncée jeudi ne satisfera pas forcément l'Allemagne.
La semaine dernière, la chancelière Angela Merkel avait en effet jugé qu'en ne considérant que la situation allemande, la BCE devrait plutôt relever les taux d'intérêt.
Outre le taux refi, la BCE a abaissé jeudi son taux de facilité de crédit, réduit d'un demi-point, à 1%. Le taux des dépôts, déjà à zéro, reste inchangé.
Reuters