
Les autorités tchadiennes ont déjoué une tentative de coup d'État contre le président Idriss Déby, ce mercredi, a annoncé N'Djamena. La police, qui a procédé à plusieurs interpellations, a notamment arrêté Saleh Makki, un député de l'opposition.
N’Djamena a annoncé mercredi avoir été la cible d’une "action de déstabilisation". Le gouvernement tchadien a, en effet, indiqué avoir arrêté plusieurs individus qui fomentaient depuis de longs mois un coup d’État contre le président Idriss Déby. Les autorités étaient sur le qui-vive depuis quatre mois, ont assuré les autorités.
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"Aujourd'hui, 1er mai, un groupe d'individus animés de mauvaises intentions ont tenté de mener une action visant à déstabiliser les institutions de la république", a ainsi assuré le ministre de la Communication, Hassan Sylla Bakary, dans un communiqué lu à la télévision publique. "C'était sans compter les vaillantes forces de sécurité qui les surveillaient depuis décembre 2012 et les ont neutralisés ce matin", a-t-il ajouté.
Arrestation d’un député de l’opposition
Dans la vague d’arrestations qui a suivi – dans les rangs de l’armée et parmi la population civile -, un député d'opposition Saleh Makki, membre de la CPDC, la Coordination des partis pour la défense de la Constitution, a été arrêté à son domicile.
Son épouse Falmata Saleh Makki, témoin de la scène, a été contactée par FRANCE 24.
Elle assure que son mari n’a pas pu être impliqué dans un coup d’État "parce qu’il est un démocrate". "Des policiers sont entrés dans la cour [de notre maison] et l’ont emmené avec eux (…) Mais je ne suis pas inquiète pour lui, je sais qu’il ne ferait du mal à personne", a-t-elle confié.
Aucune précision n'a été donnée sur l'origine, les appartenances et le nombre de personnes arrêtées ce mercredi. À N’Djamena, la capitale, la population ne cède pas à la panique. "L'un de mes contacts m’a affirmé que les rues de la capitale étaient calmes, qu’il n’y avait pas de déploiement particulier des forces armées", précise Virginie Herz, chroniqueuse à FRANCE 24.
N'Djamena accuse la Libye
La semaine dernière, Idriss Déby a accusé la Libye d'héberger sur son territoire un camp de mercenaires tchadiens qui cherchent à déstabiliser son pays. "Je ne veux pas que la Libye nouvelle soit à l'origine d'un quelconque complot pour déstabiliser le Tchad", a-t-il affirmé samedi à la radio. "Je demande aux autorités libyennes de prendre des mesures pour garantir que le Tchad ne soit pas la proie d'une autre mésaventure libyenne." Tripoli a démenti ces accusations.
En mars, la coalition rebelle tchadienne UFR (Union des forces de la résistance), qui a déposé les armes en 2010, a averti qu'elle allait reprendre les hostilités faute de négociations engagées par Idriss Déby depuis plus de deux ans.
Le Tchad a une longue histoire de coups d'État et de rébellions. Idriss Déby a lui-même pris le pouvoir à N'Djamena à la faveur d'un coup de force en 1990. Depuis, il a pour habitude de changer régulièrement les personnalités en charge de la sécurité du territoire, craignant de se voir renverser à son tour.
Avec dépêches