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La police espagnole a annoncé, le 28 avril, avoir arrêté un homme soupçonné d’être l’auteur d’une des plus importantes cyberattaques de l’histoire. Tout semble indiquer qu'il s’agit de Sven Kamphuis, un hacktiviste néerlandais controversé.

Ils ne veulent pas confirmer son identité, mais tout indique qu’il s’agit de Sven Olaf Kamphuis. La police espagnole a annoncé, dimanche 28 avril, avoir arrêté trois jours plus tôt à Barcelone “le responsable présumé de la plus importante attaque par déni de service (ce qui consiste à saturer un site de requêtes pour qu'il cesse de fonctionner) de l’histoire”.

Les autorités ibères se contentent de préciser qu’il s’agit d’un ressortissant néerlandais de 35 ans qui s’est présenté comme le “ministre des Télécommunications et des Affaires étrangères de la République autoproclamée de Cyberbunker (un service d’hébergement de sites Internet hollandais, NDLR)”. Il a été arrêté sur demande des autorités néerlandaises.

Contacté par FRANCE 24 lundi 29 avril, la police des Pays-Bas s’est, quant à elle, s'est montrée plus directe sur l'identité du suspect :  “Sven K.” Ce dernier est soupçonné d’être “l’auteur de la cyberattaque contre Spamhaus”, un site suisse qui lutte contre le spam sur Internet.

Cette cyber-opération menée fin mars avait largement été relayée par les médias - dont FRANCE 24 - car elle avait été la plus violente jamais enregistrée. Elle avait failli effacer du Net des centaines de sites, y compris Spamhaus.

"Cancer"

Le nom de Sven Olaf Kamphuis avait rapidement été évoqué dans le cadre de l’enquête. Ce sulfureux hacktiviste était, en effet, cofondateur de deux sociétés - Cyberbunker et CB3ROB - que Spamhaus avait inscrites sur sa liste noire des structures qui promeuvent le spam. Greenhost, une société hollandaise d’hébergement de sites Internet, avait affirmé avoir trouvé des éléments qui reliaient l’attaque informatique à CB3ROB.

Peu de temps avant cette cyber-offensive, Sven Olaf Kamphuis avait lancé sur sa page Facebook un appel à la communauté des pirates informatiques pour “faire disparaître Spamhaus d'Internet”. Il s’est même autoproclamé porte-parole de STOPHaus, un mouvement international, dont l’unique raison d’être est d’en finir avec Spamhaus.

Si ce Néerlandais a toujours nié être directement responsable de l’attaque, il s’est réjoui des cyber-malheurs de la société suisse. Il l'accuse de s’être auto-érigée en juge de “ce qu’il est permis ou non de faire sur Internet”, explique-t-il au site américain d’information Heavy dans l’une des rares interview qu’il a accordée après l’attaque. Il y compare Spamhaus à un “cancer” qu’il faut “absolument éradiquer”.

Néanmoins, il ne nie pas que Cyberbunker héberge des sites qui servent à envoyer des spams à travers le monde. Hormis les sites “prônant la pédophilie et le terrorisme” Sven Olaf Kamphuis ne censure aucun site sur ses serveurs. Pour le reste, celui qui se dépeint comme un combattant de la liberté d’expression totale sur le Net, à l'instar de Julian Assange, (le fondateur du site WikiLeaks) ne veut pas entendre parler d'interdits.

Antisémite

Décrit comme “extrêmement intelligent” par des proches interrogés par le "New York Times", Sven Olaf Kamphuis aurait “une sainte horreur pour toute forme d’autorité”. Afin d’échapper aux lois qui s’imposent au commun des mortels, il a proclamé Cyberbunker - dont les locaux ont longtemps été hébérgés en Hollande, dans un bunker qui a appartenu à l’Otan - "République autonome". Celle-ci n’a à répondre devant aucun État et encore moins devant une structure privée telle que Spamhaus. Lui-même se présente comme le “Prince” de Cyberbunker ou son “ministre des Affaires étrangères” et assure bénéficier à ce titre de l’immunité diplomatique...

Depuis quelques années, Cyberbunker a déménagé, Sven Olaf Kamphuis a installé son bureau dans un van qui lui sert également de QG pour la plupart de ses activités en ligne. C’est d’ailleurs le signal informatique en provenance de ce minibus qui a permis aux autorités espagnoles de localiser l’extravagant néerlandais.

Mais ses frasques et provocations ne se cantonnent pas au cyberespace. L’homme, un fan de heavy metal, a également été accusé d’être homophobe et antisémite. Il nie avoir quoi que ce soit contre les homosexuels et a affirmé au site Heavy être lui-même “gay” et connaître “un grand nombre d’hommes qui pourraient témoigner qu’il n’a rien d’un homophobe”. En revanche, il reconnaît avoir “un problème avec les sionistes, qui se sentent supérieurs aux autres”. Kamphuis a d’ailleurs affirmé que la défense des responsables de Spamhaus n’était “que des mensonges de juifs”.