
Les heurts entre opposants à la tenue du Grand Prix de Formule 1 au Bahreïn et forces de l’ordre se multiplient alors que les essais libres doivent débuter le 19 avril. Une voiture a explosé dans la nuit à Manama, sans faire de victime.
Le grand barnum de la Formule 1 se rendra du 19 au 21 avril sur le circuit de Sakhir au Bahreïn pour la course la plus controversée du calendrier.
Le royaume du Bahreïn, seule monarchie du Golfe où les chiites sont majoritaires, est en effet en crise depuis que le pouvoir aux mains de la dynastie sunnite des Al-Khalifa a écrasé un soulèvement né du "printemps arabe", en 2011, faisant 35 morts, selon une commission indépendante. Deux ans après, les tensions ne semblent pas apaisés.
Ainsi, une voiture a explosé dans la nuit du 14 au 15 avril dans le centre de Manama, la capitale du Bahrëin, où des heurts ont opposé la police aux chiites qui manifestent contre la tenue du Grand Prix programmé dimanche.
Explosion qui n’a pas fait de dégâts
"Des groupes terroristes ont mis le feu tard dimanche à une voiture à l'aide d'une bonbonne de gaz, provoquant une explosion qui n'a pas fait de dégâts", a annoncé la police dans un communiqué.
Le Collectif du 14-Février, regroupant des jeunes militants chiites radicaux, a revendiqué l'incident sur son compte Twitter, expliquant avoir cherché à "perturber l'activité dans le centre financier de Manama pour proclamer son refus de la tenue de la course".
Dans les villages chiites de la ceinture de la capitale, des heurts ont également opposé ces derniers jours des policiers à des manifestants chiites qui criaient "Non, non à la Formule 1", ont rapporté des témoins. Certaines routes ont aussi été obstruées par des pneus en flammes.
"Recours à la violence contre les manifestants"
En parallèle, les autorités gouvernementales ont affirmé qu'elles prenaient les mesures nécessaires pour assurer la sécurité du Grand Prix. Ainsi, les forces de sécurité ont procédé depuis début avril à 98 arrestations durant les protestations, dont la répression a fait 29 blessés parmi les manifestants, selon le principal groupe de l'opposition chiite, Al-Wefaq. Dans un communiqué, celui-ci a dénoncé la politique des autorités qui "persistent dans le recours à la violence" contre les manifestants.
Les protestations devraient culminer jusqu’à vendredi, jour des essais libres du GP, avec un grand rassemblement.
"Je pense qu’une vaste majorité des personnes de la Formule 1 souhaiterait dire : "Nous ne voulons pas venir ici et envenimer les choses pour les gens. Nous voulons que vous profitiez de la F1, nous pensons qu’elle a beaucoup de choses positives à offrir, mais, s’il vous plaît, en notre nom, ne rassembler pas les gens pour les brutaliser", a déclaré Damon Hill, champion du monde de Formule 1 en 1996 et actuel consultant à la télévision, au site F1i.
"Il n’y a personne qui manifeste"
De son côté, le grand argentier de la F1, Bernie Ecclestone, semble nier l’évidence et se montre très confiant. Le GP de Bahreïn "sera un succès."
"Qu'est-ce qui s'est passé ? Ils sont en train de manifester maintenant ? Je ne suis pas au courant de cela [...] Il n'y a personne qui manifeste", a indiqué le patron de Formula One Management (FOM) en marge du GP de Chine, le 14 avril.
En 2011, le GP de Bahreïn avait dû être annulé en raison des révoltes populaires qui agitaient le pays. Enfin l’an dernier, l'opposition chiite et le Collectif du 14-Février avaient organisé des manifestations, parfois violentes, pour attirer l'attention sur ses demandes de réformes politiques, mais sans entraver le déroulement de la course. Un GP remporté alors par l’Allemand Sebastian Vettel.