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Un homme d’affaires syrien pro-régime a publiquement offert une généreuse récompense pour l’enlèvement de journalistes d’Al-Jazira qu’il accuse de "ternir l’image des Syriens et des Arabes".
Les dirigeants d’Al-Jazira voient rouge et s’inquiètent pour leurs journalistes en mission en Syrie, désormais pris pour cible. Si depuis le début du conflit plusieurs reporters ont péri dans les violences, cette fois, la menace ne vient pas uniquement des combats, elle est ciblée.
Quatre journalistes italiens ont été enlevés dans le nord de la Syrie, a indiqué vendredi soir le ministère des Affaires étrangères italien cité par l'agence de presse Ansa.
Selon le site internet du quotidien "La Repubblica", il s'agirait d'un reporter de la RAI, la radio-télévision publique italienne, et de trois journalistes freelance.
"La Repubblica" indique que les journalistes ont été enlevés "par un groupe rebelle pendant qu'ils effectuaient des reprises vidéo".
Le 31 mars dernier, un homme d’affaires syrien soutenant le régime de Bachar al-Assad n’a pas hésité à proposer une rançon contre l’enlèvement de tout correspondant des chaînes de télévision arabophones Al-Jazira ou Al-Arabiya. L’homme se nomme Fahim Sakr et réside au Koweit. Il s’exprimait par téléphone lors d’une émission retransmise en direct par la chaîne de télévision nationale syrienne. "J’offre dix millions de lires [95 000 dollars, ndlr] à quiconque enlèvera et remettra aux autorités un journaliste d’Al-Jazira ou d’Al-Arabiya, ces institutions qui œuvrent pour le délitement du peuple syrien", a-t-il lancé aux téléspectateurs. Selon lui, les deux chaînes d’informations arabophones "ternissent l’image des Syriens et des arabes". Le présentateur de l’émission n’a pas manqué de remercier l’homme d’affaires sans rien ajouter de plus quant à son initiative.
"Porter atteinte au travail des journalistes"
Dans un communiqué publié le 5 avril sur son site, Al-Jazira a déploré les intimidations faites à l’encontre de ses journalistes. "Le but de ces menaces est bien de porter atteinte au travail des journalistes et à leur traitement des évènements en Syrie et ailleurs", a estimé la chaîne qatarie. Loin de renoncer, elle assure qu’elle "restera fidèle à sa ligne éditoriale, basée sur la transmission de l’information de manière objective et précise et la prise en compte de tous les points de vue".
Ibrahim Hillal, le directeur de l’information d’Al-Jazira a pour sa part déclaré que "les personnes à qui notre traitement de l’information ne conviendraient pas n’ont en aucun cas le droit de nous menacer". "Le fait que certains de nos collaborateurs aient déjà reçu des lettres de menaces suscite notre plus grand dégoût", a-t-il poursuivi. "Ce genre d’action n’a pas sa place dans une société plurielle". La chaîne qatarie a par ailleurs annoncé qu’elle avait entrepris des poursuites judicaires.
Les conditions de travail sont particulièrement difficiles pour les professionnels de l’information. L’état syrien ne délivrant que peu de visas, la plupart des journalistes entrent clandestinement en Syrie au péril de leur vie. Depuis le début de la révolte populaire dans ce pays, le 15 mars 2011, plus d’une vingtaine de journalistes ont perdu la vie d’après un décompte établi par l'Agence France-Presse (AFP) et Reporters sans frontières (RSF).
Un homme d'affaires syrien offre en direct à la TV syrienne une récompense pour l'enlèvement de journalistes d'al Jazira