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François Hollande : "Cahuzac n'a bénéficié d'aucune protection"

Tandis que la gauche assure qu’elle ignorait la situation de Jérôme Cahuzac, le reste du paysage politique français s'interroge et demande des comptes. Retour sur les principales réactions depuis la mise en examen, mardi, de l’ex-ministre.

Au lendemain de la mise en examen de Jérôme Cahuzac pour blanchiment de fraude fiscale, l’onde de choc continue de se propager au sein de la classe politique française. Alors que dans la majorité, on tente à tout prix d’éviter l’affaire d’État, en martelant que l’exécutif ni savait ni ne couvrait les mensonges de l’ex-ministre du Budget, dans l’opposition, les reproches fusent. Réactions.
 

  • "Cahuzac n'a bénéficié d'aucune protection"

Lors d'une brève intervention télévisée, François Hollande a assuré que Jérôme

Cahuzac, qui "a trompé les plus hautes autorités du pays", n'avait bénéficié "d'aucune protection autre que celle de la présomption d'innoncence". "Toute la lumière sera faite. Et la justice poursuivra son travail jusqu'au bout", a ajouté le président qui a également annoncé trois mesures suite à cette affaire : le renforcement de l'indépendance de la justice, une lutte "impitoyable" contre les conflits entre intérêts privés et publics, l'interdiction de tout mandat public pour les élus condamnés pénalement pour fraude fiscale ou corruption.

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Intégralité de la déclaration de François Hollande le 3 avril 2013
  • L'Intérieur nie "toute enquête parallèle"

Le ministère de l'Intérieur a réfuté avoir initié "toute enquête parallèle" à celle menée par la police sur des comptes bancaires détenus à l'étranger par Jérôme Cahuzac. "Jamais le ministre de l'Intérieur Manuel Valls n'a donné de telles instructions", affirme-t-on place Beauvau. "En aucun cas, il n'y a eu d'enquête parallèle - ni avant, ni pendant - celle menée depuis le 8 janvier 2013 sous la direction du procureur de la République de Paris" par la police, selon le communiqué du ministère, qui nie également toute intervention des services de renseignement.

  • "Hollande a fait preuve de candeur ou a menti"

Jean-François Copé, président de l'UMP, a demandé mercredi matin, sur Europe 1, que l’on "aille au fond des choses" dans cette affaire : soit le président "ne savait rien et c'est quand même extrêmement grave parce que cela signifie que lui-même fait preuve d'une certaine candeur, soit il savait et ça veut dire qu'il a menti aux Français."

  • "Vider l'abcès par de nouvelles élections"

Marine Le Pen a demandé, pour sa part, la démission du gouvernement et de nouvelles élections. "Je ne vois pas d'autre solution que de démissionner le gouvernement et de dissoudre l'Assemblée nationale. […] Quand on arrive à une telle situation de fracture, il faut que le peuple puisse s'exprimer. Il faut qu'ils vident en quelque sorte l'abcès par de nouvelles élections". Et la présidente du Front national d’affirmer : "Nous allons apprendre que le président et le Premier ministre étaient en réalité au courant depuis plusieurs semaines de la véracité de ce qui était reproché à M. Cahuzac…"

  • Le gouvernement aurait dû "vérifier" son passif

Pour Laurent Wauquiez, vice-président de l'UMP, le gouvernement aurait dû prendre plus de précaution avant de confier le ministère du Budget. "On ne place pas à un poste comme ministre du Budget quelqu'un comme M. Cahuzac, sans avoir pris toutes les vérifications", a déclaré le député-maire du Puy en Velay sur LCI, parce que "c'était un personnage sulfureux", dont "on savait que ses rapports avec l'argent n'étaient pas clairs".

  • "Qui savait et n'a rien dit ?"

La défiance ne s’arrête pas à la droite : "Où s'arrête la chaîne du mensonge ? Qui savait et n'a rien dit ?", a interrogé sur son compte Twitter Jean-Luc Mélenchon, président du Front de gauche.

  • "Nul n'est à l'abri d'avoir un menteur dans sa propre famille"

Sur Europe 1, la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem a assuré, mercredi, que ni le président ni le Premier ministre, n’avaient connaissance de l’existence du compte bancaire détenu par Jérôme Cahuzac à l’étranger. Selon la ministre, François Hollande et Jean-Marc Ayrault "n'ont à être comptables du mensonge dans lequel s'est isolé un homme". "C'est un homme qui a menti, ce n'est pas une institution, ce n'est pas un parti, ce n'est pas un gouvernement. Il faut savoir mesure garder", a-t-elle insisté.

Défendant le comportement adopté par le gouvernement depuis que le site Médiapart a révélé l’affaire, il y a quatre mois, Najat Vallaud-Belkacem a appelé "chacun à ne pas s'abîmer dans la récupération", car "nul n'est à l'abri d'avoir un menteur dans sa propre famille". Et d’ajouter : "Le gouvernement - ce qui n'a pas toujours été la pratique en vigueur - a totalement respecté l'indépendance et la liberté de la presse en ne cherchant jamais par exemple à violer le secret des sources", mais également "l'indépendance de la justice" en ne portant jamais de commentaire sur son fonctionnement, a-t-elle fait valoir.

  • "Aucune complaisance, aucune négligence" du gouvernement

"Il n'y a eu aucune complaisance, aucune volonté d'entraver la justice, aucune volonté de couvrir ou de blanchir. Il y a eu la confiance, avec des questions et à chaque fois, les réponses que faisait cet homme […] Aucune faute, aucune négligence"", a affirmé Pierre Moscovici sur RTL, mercredi.

Le ministre de l'Économie et des Finances, estime que l’exécutif n’a rien à se reprocher : "J'ai joué mon rôle, tout mon rôle, rien que mon rôle avec les outils qui étaient les miens. Aller au-delà eût été mener une enquête parallèle, on nous l'aurait reproché."

  • Jérôme Cahuzac "n’est désormais plus membre" du PS

Plus radical, le porte-parole du Parti socialiste, Harlem Désir a annoncé l’exclusion de Jérôme Cahuzac. "Il s'est exclu de fait du Parti socialiste. Il n'en sera désormais plus membre", a-t-il écrit dans un communiqué où il demande à l'élu du Lot-et-Garonne de renoncer "à ses mandats électifs".

  • "Je n'avais aucune raison de ne pas le croire"

La veille, lors d’une intervention télévisée au journal de France 2, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait également sommé Jérôme Cahuzac de "ne plus exercer de responsabilité politique". "Je n'avais aucune raison de ne pas le croire", assure-t-il. Reconnaissant toutefois qu’il avait eu des doutes sur son ancien ministre, le chef du gouvernement a déclaré qu’il avait eu un échange avec l’intéressé pour lui dire qu'il avait "trahi" et "menti".

  • "Je ne pensais pas qu’on en était là"

Un peu plus tôt, le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg avait réagi en déclarant en marge d’un déplacement dans les Bouches-du-Rhône : "Les bras m'en tombent, je n'ai pas de mots". "Je ne pensais pas qu'on en était là", ajoutait-t-il.

Avec dépêches