L'ex-chef présumé de l'ETA, Javier Lopez Pena, dit "Thierry", est mort à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière des suites d'un accident cérébral. L'homme était considéré comme étant influent au sein de l'organisation séparatiste basque.
Javier Lopez Peña, dit "Thierry", ancien chef présumé de l'ETA interpellé en 2008 à Bordeaux et considéré par Madrid comme un vétéran de l'organisation séparatiste basque, est mort dans la nuit de vendredi à samedi à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière des suites d'un AVC.
Incarcéré à Fleury-Mérogis, il avait été hospitalisé le 11 mars à Corbeil-Essonnes (Essonne), a priori pour un problème cardio-vasculaire, puis rapidement transféré à la Pitié-Salpêtrière, a-t-on appris de source policière et auprès de l'association d'aide aux prisonniers basques Etxerat.
Selon Emilie Martin, du mouvement de soutien aux prisonniers basques Herrira, il aurait été opéré il y a deux semaines à la Pitié-Salpêtrière pour une "maladie cardiaque" et aurait souffert ensuite de complications neurologiques. Placé en soins intensifs depuis mercredi, date de son AVC, il est décédé samedi à 01H00, selon Mme Martin.
Sa famille, qui "n'a été avertie que le 19 mars" de son hospitalisation, plus d'une semaine après son admission à l'hôpital, a appris son décès "en venant le visiter (samedi). C'est inadmissible", a affirmé Muriel Lucantis, porte-parole d'Etxerat.
Alors considéré comme le chef de l'ETA, "Thierry" avait été arrêté le 20 mai 2008 par des policiers français et espagnols dans un appartement d'un quartier populaire du centre de Bordeaux, avec trois membres de l'appareil politique de l'organisation indépendantiste: Ainhoa Ozaeta, Igor Suberbiola et Jon Salaberria.
Les quatre suspects avaient ensuite été mis en examen par des juges antiterroristes parisiens, notamment pour "association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes de terrorisme" et "détention d'armes, de munitions et de substances ou produits incendiaires ou explosifs", puis placés en détention provisoire.
Selon une source judiciaire, "Thierry" n'avait pas été jugé mais faisait l'objet d'une ordonnance de mise en accusation et devait donc comparaître devant une cour d'assises. Une autopsie est prévue, a ajouté cette même source.
Sollicitée par l'AFP, son avocate, Me Yolanda Molina, n'était pas joignable en fin d'après-midi.
Partisan d'une ligne dure
Egalement surnommé "Marcel" ou "Pierre", "Thierry" était considéré par les autorités espagnoles comme un vétéran de l'ETA, qu'il avait intégrée au début des années 1980.
Interpellé une première fois en 1983 à Bayonne pour son rôle dans l'appareil d'extorsion de l'organisation, il serait devenu à partir de 1993 l'un des responsables présumés de son appareil logistique, en charge des caches d'armes et d'explosifs. Il aurait ensuite fui à Cuba, avant d'incorporer à son retour en Europe la direction de l'organisation, jusqu'à prendre la tête de l'appareil militaire.
Lors de son interpellation à Bordeaux, le ministre de l'Intérieur espagnol, Alfredo Perez Rubalcada, avait estimé qu'il était "la personne qui a le plus de poids politique et militaire" au sein de l'ETA où il aurait été le partisan d'une ligne dure.
Il aurait ainsi pris la direction de l'organisation armée en 2006, pendant des négociations infructueuses avec le gouvernement socialiste de José Luis Zapatero, auxquelles il aurait personnellement participé.
Les enquêteurs le soupçonnaient d'avoir torpillé le "processus de paix", notamment en commanditant un attentat spectaculaire de décembre 2006 à l'aéroport de Madrid (2 morts) par lequel l'ETA avait de facto rompu son "cessez-le-feu permanent" décrété en mars de la même année.
Les autorités espagnoles le soupçonnaient également d'avoir ordonné l'assassinat d'un ex-élu municipal socialiste basque, Isais Carrasco, abattu en mars 2008, deux jours avant les élections législatives espagnoles.
Javier Lopez Pena était également poursuivi, au côté de cinq autres etarras, pour ses liens présumés avec la guérilla colombienne des Farc. Il devait également être jugé en Espagne pour des projets d'attentats durant l'été 2007 au côté de Mikel Garikoitz Aspiazu Rubina, alias "Txeroki", récemment condamné à deux reprises par la justice française.
Considérablement affaiblie ces dernières années par de multiples arrestations, l'ETA, classée "terroriste" par l'Union européenne et les Etats-Unis, a annoncé le 20 octobre 2011 qu'elle renonçait à la violence après plus de 40 ans de lutte armée. Elle est tenue pour responsable de la mort de 829 personnes au cours de cette période.
AFP