La Corée du Nord s'est déclaré "en état de guerre" contre son voisin du Sud. Séoul affirme ne pas prendre au sérieux cette nouvelle menace. Depuis le début de mars, les annonces belliqueuses de Pyongyang sont quotidiennes.
Une fois de plus, le ton est monté. La Corée du Nord a annoncé, samedi, entrer "en état de guerre" contre la Corée du Sud, après avoir placé la veille certains de ses sites militaires en état d'alerte, et multiplié les déclarations belliqueuses contre Washington et Séoul.
"À partir de maintenant, les relations Nord-Sud vont entrer en état de guerre et toutes les questions qui se posent entre le Nord et le Sud seront réglées en conséquence", a déclaré Pyongyang dans un communiqué publié par l'agence officielle KCNA et provenant du gouvernement nord-coréen, du Parti des travailleurs de Corée au pouvoir et d'autres organisations.
La Corée du Nord a également indiqué qu'elle répondrait "sans pitié" à toute action du Sud susceptible de nuire à sa souveraineté, indiquant par là qu'elle n'était pas sur le point de mener une attaque préventive.
Un responsable du ministère de la Défense sud-coréen a néanmoins assuré qu'aucun signe d'activité anormale pouvant laisser croire que l'armée nord-coréenne se préparait à une attaque n'avait été détecté.
Séoul garde son calme
itLe gouvernement sud-coréen s'est de son côté refusé à prendre au sérieux la nouvelle menace de Pyongyang, faisant valoir que rien de nouveau ne permettait de s'inquiéter plus que de coutume.
Le ministère de l'Unification, chargé des relations politiques avec la Corée du Nord, a déclaré que l'activité se poursuivait normalement dans la zone industrielle spéciale nord-coréenne de Kaesong, qui emploie des salariés Sud-Coréens. "La déclaration de la Corée du Nord aujourd'hui n'est pas une nouvelle menace, mais la poursuite de ses menaces provocatrices", a-t-il déclaré dans un communiqué.
Le ministère de la Défense a pour sa part appelé Pyongyang à stopper ses menaces, renouvelant sa position selon laquelle les exercices militaires annuels menés avec les forces américaines jusqu'à fin avril sont de nature purement défensive.
Washington prend la menace au sérieux
De son côté, La Maison Blanche a indiqué qu'elle prenait "au sérieux" l'annonce de la Corée du Nord, tout en notant que les menaces de Pyongyang n'étaient pas inhabituelles. "Nous avons vu les informations sur un nouveau communiqué non constructif de la Corée du Nord. Nous prenons ces menaces au sérieux et restons en relations étroites avec notre allié sud-coréen", a déclaré Caitlin Hayden, porte-parole du Conseil national de sécurité.
"Nous voudrions aussi noter que la Corée du Nord a une longue histoire de rhétorique belliqueuse et de menaces et que l'annonce d'aujourd'hui est conforme à un schéma familier", a-t-elle nuancé, ajoutant que les États-Unis étaient parfaitement capables de se protéger et de protéger leurs alliés en Asie.
"Nous continuons à prendre des mesures additionnelles contre la menace nord-coréenne, dont fait partie notre plan pour augmenter le nombre des avions d'interception basés sur le sol américain ainsi que les radars d'avertissement et de dépistage", a-t-elle dit.
Un peu avant, le porte-parole adjoint à la Maison Blanche, Josh Earnest, avait déclaré à des journalistes : "Nous nous coordonnons de manière très proche non seulement avec nos alliés, mais aussi avec la Russie et la Chine qui sont aussi très désireuses de trouver une solution pacifique à la situation".
Des menaces depuis le mois de mars
Depuis le début du mois de mars, le régime nord-coréen multiplie presque quotidiennement les menaces d'attaque contre Séoul et Washington, s'estimant menacé par les manœuvres militaires conjointes de ces deux pays, entamées au début du mois et prévues jusqu'à fin avril.
Le numéro un nord-coréen Kim Jong-un a ordonné, jeudi soir, que les unités de fusées de l'armée soient placées en état d'alerte, prêtes à viser les bases américaines en Corée du Sud et dans le Pacifique. L'état d'alerte a été officiellement proclamé lors d'une réunion d'urgence convoquée à minuit, et fait suite au survol du territoire sud-coréen lors d'un exercice par deux bombardiers furtifs de l'US Air Force, un geste de mise en garde de Washington.
Mardi, l'armée nord-coréenne avait également menacé directement les États-Unis, annonçant préparer ses missiles et son artillerie à frapper des cibles militaires sur le territoire américain.
FRANCE 24 avec dépêches