John Kerry, nouveau chef de la diplomatie américaine, a débuté dimanche une tournée marathon. Le diplomate se rendra à Berlin, Paris, où il s'entretiendra avec François Hollande le 27 février, Rome, Ankara, Le Caire, Riyad, Abu Dhabi et Doha.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a entamé dimanche une tournée marathon chez les alliés européens et du monde arabe pour renforcer le lien transatlantique et parler des dossiers brûlants, de la Syrie à l'Iran en passant par le Mali ou la Corée du Nord.
Pour son premier voyage comme patron de la diplomatie américaine, M. Kerry est arrivé dans la soirée à Londres, où il doit rencontrer lundi le Premier ministre David Cameron et son homologue William Hague. Il se rendra ensuite successivement et jusqu'au 6 mars à Berlin, Paris, Rome, Ankara, Le Caire, Ryad, Abou Dhabi et Doha. Un temps évoqué par les Palestiniens, le passage de M. Kerry en Israël et en Cisjordanie ne figure pas au programme établi par le département d'Etat. Le président Barack Obama doit s'y rendre dans un mois.
Le fait que M. Kerry réserve sa première tournée à l'Europe, alors que son prédécesseur, Mme Hillary Clinton s'était d'abord rendu en Asie-Pacifique en 2009, est un signal envoyé aux plus proches alliés européens --le Royaume-Uni, l'Allemagne, la France et l'Italie-- a expliqué un haut responsable du département d'Etat.
"Le ministre (Kerry) est très satisfait de pouvoir faire son premier voyage à l'étranger avec ces partenaires européens fondamentaux. Cela reflète vraiment le degré de notre coopération internationale (...) Nous sommes stratégiquement probablement plus alignés que jamais", a estimé ce diplomate dans l'avion qui emmenait la délégation de Washington à Londres.
M. Kerry, fils de diplomate, a passé une partie de son enfance à Berlin, a de la famille en France et est réputé partisan de liens solides entre les deux rives de l'Atlantique. La relation américano-européenne a été dopée depuis que le président Obama a annoncé il y a dix jours le coup d'envoi de négociations entre les Etats-Unis et l'Union européenne en vue de créer une gigantesque zone de libre échange.
"Les Britanniques soutiennent beaucoup ce projet, d'autres pays européens sont également très enthousiastes", s'est félicité le responsable américain, sans nier "les difficultés et obstacles" pour conclure un accord entre les deux puissances économiques.
Mais le secrétaire d'Etat va surtout parler à Londres, Paris, Berlin et Rome de la Syrie, "l'un des dossiers les plus brûlants" selon le diplomate américain.
Il profitera de son étape berlinoise mardi pour rencontrer son homologue russe Sergueï Lavrov.
"Nous avons le sentiment que la Russie peut jouer un rôle clé pour convaincre le régime (syrien) et tout le monde du besoin d'une transition politique", a plaidé le responsable du département d'Etat, qui ne table toutefois pas sur une "grande percée" à l'issue de cet entretien bilatéral.
Dimanche, des diplomates américains faisaient tout pour convaincre l'opposition syrienne de ne pas boycotter une réunion internationale sur la Syrie programmée jeudi à Rome, en présence de M. Kerry.
Le chef de la Coalition de l'opposition syrienne, Ahmed Moaz al-Khatib, a annoncé samedi la suspension de la participation de l'opposition à cette réunion des Amis du peuple syrien avec 11 pays, pour dénoncer le "silence international sur les crimes" commis par le régime de Damas, au lendemain de tirs meurtriers de missiles contre Alep.
"Nous essayons d'insister, et nos alliés et partenaires insistent également auprès d'eux, sur l'occasion qui leur est offerte à Rome de voir les pays qui les soutiennent le plus et de venir nous présenter la situation sur le terrain en termes sécuritaires, humanitaires, politiques et économiques", a argumenté un deuxième responsable de l'administration Obama.
La guerre en Syrie dominera aussi les entretiens de M. Kerry avec l'allié turc à Ankara et ceux, au Caire, avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi.
"Nous accueillerions évidemment favorablement toute volonté de la Ligue arabe et de la Coalition de l'opposition syrienne d'aller de l'avant et toute volonté des Russes de presser le régime" syrien, a résumé le responsable du département d'Etat.
L'entrevue Kerry-Lavrov du 26 février sera aussi concomitante avec des négociations à Almaty, au Kazakhstan, entre le groupe P5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni et Allemagne) et Téhéran sur le dossier nucléaire iranien.
Washington s'est félicité d'une position "commune" entre les six grandes puissances.
L'étape parisienne, mercredi, avec des entretiens avec le président François Hollande et son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, permettra de discuter du Mali --où les Américains fournissent aux Français un soutien logistique--, mais aussi de l'Iran, de la Syrie, de la Corée du Nord ou du processus de paix israélo-palestinien, selon des responsables des deux pays.
AFP