
Au cinquième jour des violences en Égypte, deux manifestants ont été tués lundi lors de heurts à Port-Saïd et au Caire. L'opposition a rejeté l'appel au dialogue national lancé par le président Mohamed Morsi et appelle à manifester vendredi.
Alors que l'Égypte a connu, lundi 28 janvier, sa cinquième journée consécutive de violences avec des heurts meurtriers au Caire et à Port-Saïd, la principale coalition de l'opposition a rejeté l'appel du président Mohamed Morsi à un dialogue national, appelant à manifester vendredi. Un jeune homme a été tué par balle lundi soir lors d'affrontements devant un poste de police à Port-Saïd (nord-est). Un peu plus tôt, au Caire, une personne a été tuée par un tir de chevrotine lors des heurts sporadiques qui se sont poursuivis toute la journée entre groupes de manifestants et policiers aux abords de la place Tahrir.
it"Les hommes du ministère de l'Intérieur et les milices des Frères musulmans tirent à la chevrotine depuis le toit des hôtels" alentour, a affirmé à l'AFP un militant présent sur la place, Ahmed Douma, faisant état de nombreux blessés. Deux officiers et neuf soldats ont été blessés, et des manifestants ont mis le feu à deux fourgons des forces de sécurité, selon une source de sécurité.
51 victimes depuis jeudi soir
Au total, 51 personnes ont péri dans les violences qui ont débuté jeudi soir, au moment où le pays marquait le second anniversaire du début de la révolte contre l'ex-président Hosni Moubarak, sur fond de mécontentement contre l'actuel chef de l'État islamiste.
Le 28 janvier, le Sénat a ratifié un projet de loi autorisant Mohamed Morsi à déployer l'armée afin qu'elle participe au maintien de l'ordre - avec le pouvoir temporaire d’arrêter des civils - jusqu'à la fin des élections législatives prévues dans les prochains mois.
Dimanche soir, Mohamed Morsi a décrété l'état d'urgence pour 30 jours dans les provinces de Port-Saïd, Suez et Ismaïliya, sur le canal de Suez. Il a aussi appelé les représentants de l'opposition, comme les partis islamistes le soutenant, à un dialogue national. "Nous ne participerons pas à un dialogue vide de sens", a répondu devant la presse Mohamed El-Baradeï, figure de proue du Front du salut national (FSN), qui regroupe plusieurs mouvements et partis en majorité de gauche et libéraux.
Le Front réclame notamment que le président assume la responsabilité des violences de ces derniers jours, et la formation d'un gouvernement d'union nationale. Il a appelé dans un communiqué le "peuple à descendre sur toutes les places Tahrir vendredi 1er février pour [...] réaliser les objectifs de la révolution" et protester contre la mort de dizaines de personnes ces derniers jours.
La Maison Blanche condamne les violences
Les États-Unis ont condamné lundi "avec force" les violences meurtrières et ont appelé les Égyptiens au dialogue pacifique. "Nous condamnons avec force les violences qui se déroulent dans plusieurs villes égyptiennes", a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney. "Nous souhaitons que tous les Égyptiens s'expriment de façon pacifique, et que les dirigeants égyptiens disent clairement que la violence n'est pas acceptable", a-t-il ajouté lors de son point de presse quotidien.
Son homologue au département d'État, Victoria Nuland, a demandé que les autorités égyptiennes "traduisent en justice les responsables de morts et de blessures, qu'elles aient été infligées par des manifestants ou par la police".
Les États-Unis ont toutefois "constaté avec plaisir que le président [Mohamed Morsi] et son gouvernement ont renouvelé leur appel à un dialogue national", lequel a été rejeté par la principale coalition de l'opposition égyptienne.
FRANCE 24 avec dépêches