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Après le drame de Newtown, l’État de New York renforce sa loi sur le port d’armes

À New York, le Sénat et la Chambre ont adopté, dans la nuit de lundi à mardi, des mesures pour durcir la loi sur les armes. Une première qui devrait ouvrir la voie à d’autres États. Au niveau fédéral, Obama doit annoncer ses propositions mercredi.

Un mois après le massacre des petits écoliers de Newtown (Connecticut), l'Etat de New York est devenu mardi le premier à renforcer ses lois sur les armes, affirmant vouloir ainsi montrer la voie au reste du pays.

Une fusillade fait deux morts dans le Kentucky

Un homme armé a ouvert le feu mardi soir avec une arme semi-automatique sur le parking d'un collège du Kentucky (centre-est des États-Unis), tuant deux personnes et blessant une troisième, a annoncé la police.

La fusillade n'a strictement rien à voir avec l'établissement scolaire, a précisé la police au cours d'une conférence de presse relayée par la télévision locale WYMT. "Nous pensons qu'il s'agit d'une affaire personnelle", a déclaré le chef de la police de Hazard, Minor Allen.

Les victimes sont un homme d'une cinquantaine d'années et une jeune femme de 20 ans. Une adolescente a été blessée et conduite à l'hôpital.

Le tireur, Dalton Stidham, 21 ans, s'est rendu aux autorités.

Les lois y étaient déjà parmi les plus contraignantes des Etats-Unis, mais le gouverneur démocrate Andrew Cuomo avait la semaine dernière invité les élus à passer "la loi la plus stricte du pays concernant les fusils d'assaut", pour "montrer la voie" et "mettre fin à la folie".

Dont acte.

Ulcérant la NRA, le puissant lobby pro-armes, le Sénat à majorité républicaine a adopté par 43 voix pour et 18 contre de nouvelles restrictions dans la nuit de lundi à mardi. La Chambre à majorité démocrate a suivi mardi après-midi (104-43) après plusieurs heures de débat passionné.

M. Cuomo, parfois cité comme candidat possible à la présidentielle en 2016, a signé la loi dans la foulée, se disant "fier d'être New-Yorkais" après cet "accomplissement extraordinaire".

Cette nouvelle loi élargit notamment l'interdiction des armes d'assaut dans l'Etat. Elle interdit les chargeurs de plus de sept balles, rend obligatoire la vérification des antécédents des acheteurs, y compris pour les ventes privées et pour les ventes de munitions.

Pour éviter des massacres comme Newtown --perpétré par un jeune déséquilibré surarmé qui a tué 20 enfants de CP et six adultes avant de se suicider le 14 décembre-- les personnels de santé devront également signaler des patients qu'ils estiment dangereux. S'ils ont accès à des armes, celles-ci pourront être saisies.

La National Rifle Association (NRA) s'est immédiatement dite "outrée", accusant la législature d'avoir servi "les ambitions politiques personnelles" de M. Cuomo.

Les "mesures de contrôle des armes ont échoué dans le passé et n'auront pas d'impact sur la sécurité publique et la criminalité", a-t-elle ajouté dans un communiqué.

Deux autres Etats américains aux gouverneurs démocrates, le Delaware et le Maryland ont également annoncé cette semaine leur intention de durcir leurs lois avec des mesures similaires. Le Connecticut y réfléchit également.

Une majorité d'Américains pour interdire les fusils d'assaut

Le débat sur les armes n'a pas cessé depuis le massacre de Newtown, l'un des plus graves jamais commis dans un établissement scolaire américain, et l'un des plus poignants, vu l'âge des enfants.

Au niveau fédéral, la bataille pour faire évoluer la loi s'annonce cependant particulièrement ardue, dans un Congrès extrêmement polarisé où les républicains n'entendent rien céder au président Obama. La NRA s'oppose également à tout changement.

Le président démocrate, qui avait demandé des recommandations à son vice-président Joe Biden après Newtown, doit annoncer ses propositions mercredi.

Il est favorable à une interdiction des armes d'assaut, à une limitation de la taille des chargeurs et à une vérification systématique des antécédents des acheteurs, mais a reconnu que certaines propositions pourraient échouer au Congrès.

Certaines mesures évoquées, notamment l'interdiction des fusils d'assaut --une loi qui existait de 1994 à 2004 mais n'a pas été prolongée-- semblent pourtant avoir le soutien d'une majorité d'Américains, selon deux sondages.

55% sont favorables à cette interdiction (et 40% contre) selon le centre de recherches Pew. Un sondage Washington Post/ABC News lundi donnait des pourcentages comparables (58-39).

Une immense majorité des Américains (85-12), républicains et démocrates, sont également, selon Pew, pour généraliser les vérifications des antécédents des acheteurs, et veulent qu'on empêche les déséquilibrés d'avoir accès aux armes (80-16).

Mais, souligne Pew, le consensus politique disparaît dès qu'on parle d'autres mesures.

AFP