logo

Au Gabon, les pourparlers réunissant les acteurs de la crise en Centrafrique - dont le président Bozizé qui refuse de céder le pouvoir - ont débuté. Malgré un optimisme de façade, les négociations s’annoncent ardues.

Les pourparlers sur l’avenir de la Centrafrique se poursuivent pour la deuxième journée consécutive à Libreville, ce jeudi, dans la capitale du Gabon, sous la direction du président congolais Denis Sassou Nguesso et sous l’égide de la communauté économique des états d’Afrique centrale (CEEAC). Le président Bozizé, qui est attendu dans la matinée, devrait participer en personne aux négociations.

Les débats, entre les membres du régime fragilisé de François Bozizé et la Séléka victorieuse sur le terrain, portent principalement sur la renégociation d'accords de paix signés entre 2007 et 2011, notamment ceux de 2008, entre le régime et la rébellion.

Mercredi soir, un accord semblait néanmoins loin d'être acquis, les rebelles continuant d'exiger le départ du président François Bozizé et sa traduction devant la Cour pénale internationale (CPI).
"Il n'y a pas d'autre alternative, rien que le départ de Bozizé. L'unique mal des Centrafricains, c'est Bozizé, c'est tout", a déclaré Florian Ndjadder, un porte-parole de la Séléka , à l'AFP, après 12 heures de discussions. Les représentants de la Séléka ont quitté la séance vers minuit.
La rébellion demande à Bozizé qu’il se trouve "une terre d’exil"

Si deux partis ont d’abord affiché mercredi leur optimisme, la première journée de discussion s’est rapidement tendue. Malgré les concessions promises par le président Bozizé - qui a proposé la formation d’un gouvernement d’union nationale et assuré qu’il ne se représenterait pas à la prochaine élection – la rébellion a maintenu ses charges. Elle l’accuse de "faits de crimes de guerre et crimes contre l'humanité", lui reprochant "arrestations, détentions et séquestrations arbitraires, enlèvements, disparitions, assassinats et exécutions sommaires".

Les rebelles demandent "la reconnaissance" par François Bozizé et son régime "de leur défaite militaire et leur abdication dans l'intérêt du peuple centrafricain". Elle recommande même au chef de l'État de "se trouver une terre d'asile". Option que le président Bozizé réfute avec vigueur. Mardi, il avait, dans une charge violente, catégoriquement refusé de quitter le pouvoir, estimant qu'il avait "perdu une bataille mais pas la guerre".
Ces antagonismes profonds laissent craindre à certains l’échec des négociations. "Le gouvernement centrafricain ne veut rien entendre des revendications des rebelles, ces négociations vont accoucher d'une souris", estimait mercredi soir, pessimiste, un responsable de la CEEAC.
Le désarmement, un programme illusoire ?
La Séléka - qui signifie "alliance" en langue sango - a la ncé, le 10 décembre dernier, une "opération de reconquête" sur le territoire centrafricain. Le 21 décembre, les chefs d'États de la CEEAC, réunis dans la capitale tchadienne, avaient demandé à la rébellion de quitter les zones occupées.
Mais en l'absence de cessez-le-feu, la Séléka avait continué sa progression en balayant l'armée régulière. Elle a, depuis, pris le contrôle d’une large partie du pays. Elle reste, pour l’heure, stationnée à 160 km de la capitale, Bangui, protégée par la Force multinationale d’Afrique centrale (Fomac).
Les accords de Libreville comprennent notamment la mise en place d'un programme de désarmement, de démobilisation, et de réinsertion (DDR) qui n'a jamais été respecté, selon la rébellion.

FRANCE 24 avec dépêches